une zone d’ombre
L’examen de la pensée fausse la pensée comme, en microphysique, l’observation de la lumière (du trajet du photon) la fausse. Tout progrès, toute nouvelle observation, toute pensée, toute création, semble créer (avec une lumière) une zone d’ombre. Henri Michaux, Postface de Plume
c'est nager qu'elle fait
L’âme adore nager. Pour nager on s’étend sur le ventre. L’âme se déboîte et s’en va. Elle s’en va en nageant. (Si votre âme s’en va quand vous êtes debout, ou assis, ou les genoux ployés, ou les coudes, pour chaque position corporelle différente l’âme partira avec une démarche et une forme différentes c’est ce [...]
quelques jours de pause
s’imposent. Pour patienter, quelques citations d’Henri Michaux sur la conscience, en commençant par une formule que ne renierait pas la sémantique générale : Même si c’est vrai c’est faux. « Tranches de savoir », Face aux verrous
un vide se crée
La conscience est apparue grâce aux instants de liberté et de paresse. Lorsque tu es étendu, les yeux fixés sur le ciel ou sur un point quelconque, entre toi et le monde un vide se crée sans lequel la conscience n’existerait pas. Cioran, Des larmes et des saints (Quarto, p. 295)
une paresse occupée
Dans son Journal intime de 17 000 pages, une icône du genre, Henri-Frédéric Amiel écrit : Ce journal-ci représente la matière de quarante-six volumes à trois cent pages. Quel prodigieux gaspillage de temps, de pensée et de force ! Il ne sera utile à personne, et même pour moi il m’aura plutôt servi à esquiver [...]
je est un poseur
Je n’ai jamais tenu de journal – ou plutôt je n’ai jamais su si je devais en tenir un. Parfois, je commence, et puis, très vite, je lâche – et cependant, plus tard, je recommence. C’est une envie légère, intermittente, sans gravité et sans consistance doctrinale. Je crois pouvoir diagnostiquer cette « maladie » du [...]
un esprit primesautier
Je souhaiterois avoir plus parfaicte intelligence des choses, mais je ne la veux pas achepter si cher qu’elle couste. Mon dessein est de passer doucement, et non laborieusement ce qui me reste de vie. Il n’est rien pourquoy je me vueille rompre la teste : non pas pour la science, de quelque grand prix qu’elle [...]
vita contemplativa
En l’honneur du 1er mai, petit florilège nietzschéen (non exhaustif!) sur le travail : Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la même arrière-pensée que dans les louanges des actes impersonnels et conformes à l’intérêt général : la crainte de tout ce [...]
garde ton andante
Henri Michaux le dit aussi, autrement : Dans une époque d’agités, garde ton « andante ». En toi-même redis-toi toujours : « Davantage, davantage d’andante », tâchant de t’amener où il faut que tu arrives. Sinon, précipité, tout devient superficiel. Les indignés du moment n’y échappent guère, pressés comme ils sont, afin de n’être jamais [...]
perpendiculairement rampante
[...] c’est cette forte analogie qui force tous les savants et les vrais juges d’avouer que ces êtres fiers et vains, plus distingués par leur orgueil que par le nom d’hommes, quelque envie qu’ils aient de s’élever, ne sont au fond que des animaux et des machines perpendiculairement rampantes. Elles ont toutes ce merveilleux instinct, [...]
« go back — keep looking »