mille plateaux

mémoire des lignes de fuite

ce que je vis d'oublier

Au dossier aussi cette citation de Valéry (qui écrit aussi ailleurs (Cahiers, XX, 678) : « Ces cahiers sont mon vice » ) : Journal de Moi Je n’écris pas « mon journal » – Il m’ennuierait trop d’écrire CE que je vis d’oublier ; CE qui ne coûte rien que la peine immense d’écrire ce qui ne coûte rien ; CE qui [...]

droit de n'avoir rien à dire

Le couple déborde On fait parfois comme si les gens ne pouvaient pas s’exprimer. Mais, en fait, ils n’arrêtent pas de s’exprimer. Les couples maudits sont ceux où la femme ne peut pas être distraite ou fatiguée sans que l’homme dise « Qu’est-ce que tu as ? exprime-toi… », et l’homme sans que la femme…, etc. La [...]

une zone déjà notre

Quand nous lisons, nous ne cherchons pas des idées neuves, mais des idées déjà pensées par nous, à qui la page imprimée donne le sceau d’une confirmation. Les paroles d’un autre qui nous frappent sont celles qui résonnent dans une zone déjà notre – que nous vivons déjà – et la faisant vibrer nous permettent [...]

une ligne va voir

Une ligne rencontre une ligne. Une ligne évite une ligne. Aventures de lignes. Une ligne pour le plaisir d’être ligne, d’aller, ligne. Points. Poudre de points. Une ligne rêve. On n’avait jusque-là jamais laissé rêver une ligne. Une ligne attend. Une ligne espère. Une ligne repense un visage. (…) Voici une ligne qui pense. Une [...]

une terrible colère

J’aime que, comme moi, Avital Ronell affectionne les parenthèses (oisives, dit-elle dans celle-ci, sur le travail) et les tirets, et toutes sortes de ponctuation : On dit que la télévision rend idiot : n’importe quel genre de répétition mécanique peut inoculer le virus de la bêtise. (Ce qui m’inquiète en tant que témoin de la vie sociale [...]

quiconque prétend écrire

(…) la bêtise détermine l’état d’esprit qui afflige quiconque prétend écrire. Dans la mesure où l’écriture semble être réquisitionnée par quelque altérité intérieure qui s’avère toujours trop immature, plutôt forte en gueule, et souvent encombrée d’un désordre narcissique prononcé, quelle que soit d’ailleurs votre envie de vous cacher ou de vous isoler ; dans la mesure, [...]

surface et profondeurs

Pierre Assouline, « la littérature » et leurs commentateurs respectifs s’interrogent sur l’utilité des lectures publiques. Pour ma part, outre le fait que le rythme trop lent de la lecture à haute voix me gène souvent, je trouve très juste ce que Marcel Proust écrit en 1914 au sujet des lectures publiques : Je ne lis bien que [...]

un muscle qui la courbe

L’accommodation Quand je lis, j’accommode : non seulement le cristallin de mes yeux, mais aussi celui de mon intellect, pour capter le bon niveau de signification (celui qui me convient). Une linguistique fine ne devrait plus s’occuper des « messages » (au diable les « messages » !) mais de ces accommodations, qui procèdent sans doute par niveaux et [...]

concessions

Ne faites pas le fier. Respirer c’est déjà être consentant. D’autres concessions suivront, toutes emmanchées l’une à l’autre. En voici une. Suffit, arrêtons-la. Henri Michaux, « Tranches de Savoir », Face aux verrous (Gallimard, 1992, p. 73)

où s'étrange le je

Un autre poème, dans la série des « Attendus », sur la résistance de l’intime, qu’aujourd’hui tout nous intime l’ordre de surexposer : attendu que l’intime n’est pas fonds personnel sommeil d’or ni sicav mais appel par le fond du sans fond au profond de la cave ( : traversée – du désastre l’envers) où s’étrange le je [...]

« go backkeep looking »
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