19 juin 2006
rhizome
Le concept de rhizome dit forcément quelque chose à qui parcourt internet - même si bien entendu Deleuze et Guattari ne parlaient pas d'internet :
Résumons les caractères principaux d'un rhizome : à la différence des arbres ou de leurs racines, le rhizome connecte un point quelconque avec un autre point quelconque, et chacun de ses traits ne renvoie pas nécessairement à des traits de même nature, il met en jeu des régimes de signes très différents et même des états de non-signes. Le rhizome ne se laisse ramener ni à l'Un ni au multiple. Il n'est pas l'Un qui devient deux, ni même qui deviendrait directement trois, quatre ou cinq, etc. Il n'est pas un multiple qui dérive de l'Un, ni auquel l'Un s'ajouterait (n+1). Il n'est pas fait d'unités, mais de dimensions, ou plutôt de directions mouvantes. Il n'a pas de commencement ni de fin, mais toujours un milieu, par lequel il pousse et déborde. Il constitue des multiplicités linéaires à n dimensions, sans sujet ni objet, étalables sur un plan de consistance, et dont l'Un est toujours soustrait (n-1). Une telle multiplicité ne varie pas ses dimensions sans changer de nature en elle-même et se métamorphoser. À l'opposé d'une structure qui se définit par un ensemble de points et de positions, de rapports binaires entre ces points et de relations biunivoques entre ces positions, le rhizome n'est fait que de lignes : lignes de segmentarité, de stratification, comme dimensions, mais aussi ligne de fuite ou de déterritorialisation comme dimension maximale d'après laquelle, en la suivant, la multiplicité se métamorphose en changeant de nature. On ne confondra pas de telles lignes, ou linéaments, avec les lignées de type arborescent, qui sont seulement des liaisons localisables entre points et positions. À l'opposé de l'arbre, le rhizome n'est pas objet de reproduction : ni reproduction externe comme l'arbre-image, ni reproduction interne comme la structure-arbre. Le rhizome est une antigénéalogie. C'est une mémoire courte, ou une antimémoire. Le rhizome procède par variation, expansion, conquête, capture, piqûre. À l'opposé du graphisme, du dessin ou de la photo, le rhizome se rapporte à une carte qui doit être produite, construite, toujours démontable, connectable, renversable, modifiable, à entrées et sorties multiples, avec ses lignes de fuite. Ce sont les calques qu'il faut reporter sur les cartes et non l'inverse. Contre les systèmes centrés (même polycentrés), à communication hiérachique et liaisons préétablies, le rhizome est un système acentré, non hiérarchique et non signifiant, sans Général, sans mémoire organisatrice ou automate central, uniquement défini par une circulation d'états. Ce qui est en question dans le rhizome, c'est un rapport avec la sexualité, mais aussi avec l'animal, le végétal, avec le monde, avec la politique, avec le livre, avec les choses de la nature et de l'artifice, tout différent du rapport arborescent : toutes sortes de « devenirs ».
Gilles Deleuze ; Félix Guattari, Mille plateaux (Minuit, 1980, p. 31-32)
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10 juin 2006
chemins qui mènent quelque part
BlogSpirit me fournit depuis début juin la liste des mots-clés qui ont conduit quelques chercheurs de mots et d'idées jusqu'à ces pages.
En voici la liste brute : elle me plaît bien, car ce sont là des mots - et des noms - qu'il vaut la peine de chercher, d'approfondir et de relier à d'autres mots. Cette liste me donne envie de poursuivre l'expérience de ce blog, expérience qui n'a peut-être pas d'autre but que d'ajouter, dans le réseau où se compile peu à peu la mémoire de l'humanité, des chemins aux chemins : citer, recopier, commenter, souligner, relier, activité humaine de longue date ...
nescience 9,09%
pelote inextricable intime 9,09%
posthumain 9,09%
citation scientifique sur le gaspillage de l'eau 4,55%
conscience philosophie 4,55%
eric hazan lqr 4,55%
fierté dans la philosophie 4,55%
henri michauxmes propriétésextraitla paresse 4,55%
l'os du doute 4,55%
la paresse henri michaux 4,55%
maurizio cattelan him hitler 4,55%
philip k dick 4,55%
philosophie conscience 4,55%
quintae 4,55%
signification complexe de cassandre 4,55%
texte le temps retrouvé marcel proust 4,55%
transhumain 4,55%
un roseau pensant et vivant 4,55%
yudkowsky truong 4,55%
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08 juin 2006
suscitateurs
Tiers livre, le blog de François Bon, héberge une intéressante réflexion, « Anonym@t et bénévol@at sont dans un bateau ... », que l'on doit à Patrick Rebollar dont le Journal LittéRéticulaire est une référence.
post scriptum : le 10 juin, François Bon fait du présent blog le blog du jour de tiers livre. Un grand merci.
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06 juin 2006
l'exemple est la poésie
La préface se termine par une description de la nouvelle « économie » de la pratique et de l'échange de la poésie créée par internet :
L’exemple est la poésie, ou plutôt l’économie de la poésie. Ce précieux canton de l’activité humaine est en train de sortir du marché. De A à Z. Depuis le travail et le temps qu’il faut pour écrire jusqu’aux rencontres où les textes se partagent. Dans la poésie, dans l’économie de la poésie, toutes les crises dont ce texte a décrit le nœud trouvent comme une issue.
Crise du temps humain
La poésie ne rapporte pas d’argent, pas assez d’argent pour être une activité concurrentielle sur le marché du temps. Au regard du critère unique qui est l’augmentation du taux de profit, elle n’intéresse pas. Mais elle ne meurt pas pourtant. Elle vit. Elle vit fort. Elle fructifie dans le temps qu’on lui laisse, le temps gratuit, et dans la forme d’activité qui lui convient, la libre activité. Celles et ceux qui pratiquent l’art de la poésie vendent de leur temps, les pauvres. Il le faut bien. Par ailleurs. Pour pouvoir faire leur marché. Mais la poésie! Regardez-les, ces puissants forgerons. Ils repoussent à l’extrême de leurs forces les parois blindées du temps vendu et l’espace qu’ils dégagent grâce à ce repoussement, ils le magnétisent. Sans le dire et peut-être sans le savoir, ils rejoignent à leur façon le grand mouvement civilisateur engagé par la classe ouvrière pour la réduction du temps de travail vendu et «l’abolition du salariat», comme on disait naguère jusque dans les statuts de la CGT. Le temps gratuit du poète n’est pas vide. La poésie l’envahit et l’enchante. Le syndicaliste et le poète ont des choses à se dire.
Crise de l’échange
La poésie du temps gratuit s’échange. La poésie est occasion de rencontre et de partage. Elle ne s’échange pas comme une marchandise, parce qu’on ne sait même pas si on sera capable de la goûter. Parce que le poème s’inscrit toujours dans la singularité aléatoire de la rencontre. Il peut faire du bien, comme une canette de coca-cola glacé au midi d’un jour chaud peut, elle aussi, faire du bien. Mais contrairement à la canette de coca, la satisfaction qu’on attend du poème reste un mystère dont l’argent ne sera jamais la mesure. On en aura toujours trop ou trop peu pour son argent. La poésie n’est pas une marchandise. Les poètes et les amis de la poésie se transmettent les textes dans des réunions ou par Internet. Ils se les parlent. Ils les apprennent par cœur. Ils publient même et achètent aussi des livres, mais les éditeurs de poésie sont souvent des artisans, ouvriers d’une marchandise artisanale clairement subordonnées à son usage. Une marchandise honnête acceptant de se laisser déborder par son bel usage.
Crise de l’espace commun
Libérée de la double contrainte du pouvoir et du marché, la poésie prolifère et se dissémine. Son histoire s’est longtemps représentée comme un vecteur gradué, comme une course au podium: prix littéraires et chapitres calibrés dans les programmes scolaires. Désormais, il y en a trop. C’est statistique. Trop d’humains sachant lire et écrire. Trop envie de faire un tour dans les sentiers inexplorés du langage. Trop étroits, les podiums. On persiste à parler de littérature contemporaine ou d’histoire de l’art. On le fait avec l’innocence de croire à ces mots menteurs où il est impossible de faire entrer autrement qu’au brodequin de fer les lignées littéraires et artistiques extérieures au centre de l’empire occidental. Et quand ce traitement ne suffit pas, les arts non blancs sont déclassifiés en arts premiers ou en musique du monde. On est en train de construire un musée pour ça, quai Branly. Mais avec la poésie en réseau, en tissu, la généalogie impériale commence à vaciller. Le texte du chasseur-donso produit par oral dans des funérailles passe sa navette africaine entre les autres fils du tissu et ça rend bien. Dans le réseau des poésies croisées que délaisse le marché, l’espace commun s’établit et se ressent.
Crise du langage
Les privatiseurs de langage ont délaissé la forge où se travaillent les mots du poème. Rien à tirer de ça. Sans valeur. Champ libre pour la vérité.
Pas sérieux, la poésie? On peut le dire en effet, puisque la règle du sérieux et de l’important, l’étalon sur lequel tout semble devoir s’évaluer, c’est l’argent. Mais alors il faudra en dire autant pour l’amitié, la vie associative, l’amour, l’éducation nationale, la promenade en bord de mer ou dans le bois communal, la conversation, la sécurité sociale, le meeting politique, la prière, l’éclairage public, la lumière du soleil, la bibliothèque municipale, le soin des enfants, l’exercice du droit de vote, tous les biens produits par la libre activité, les grandes joies et les vraies mélancolies qui toujours se dissolvent à la perspective d’être mises en vente… Au fait, si je nous rappelle que la gratuité n’est pas à la périphérie de notre existence, mais qu’elle est en son axe, que le plus important dans nos vies n’est pas ce qui s’achète mais ce qui est sans prix, si j’en conclus qu’il est bon de donner davantage d’espace à cette gratuité axiale et de périphériser ce qui se vend, c’est une billevesée ou ça mérite qu’on creuse la question ?
Jean-Louis Sagot-Duvauroux, De la gratuité (Éditions de l'Éclat, 2006)
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05 juin 2006
le rêve de la gratuité
Jean-Louis Sagot-Duvauroux, qui avait publié il y a quelques années Pour la gratuité (Belles lettres, 1995), propose aujourd'hui à nouveau ce texte, augmenté d'une longue préface intitulée « Rêves en crise », sous le titre De la gratuité.
Ce livre est publié par les éditions de l'Éclat et disponible intégralement en ligne sous forme de lyber, excellent exemple de gratuité bien comprise, comme le souligne Michel Valensi, qui dirige les éditions de l'Éclat. Il est également l'un des rares éditeurs français à avoir « pactisé » avec Google et affirmait récemment dans Livre Hebdo (14 avril 2006, 641) en être très satisfait (les deux tiers des clics d'internautes se sont transformés en achat).
Sagot-Duvauroux, qui cite en exergue un propos récent du ministre français de la Culture : « J’ai en face de moi un ennemi redoutable, le rêve de la gratuité » (!), retrace avec clarté l'histoire, assez récente, de la propriété intellectuelle :
Penchons-nous donc sur cette propriété intellectuelle, victime tellement digne de compassion qu’on voit d’un même mouvement se lamenter sur elle Bouygues le bétonneur et la Société des Gens de Lettres, le doux rocker Francis Cabrel et Lagardère marchand de canons. Concrètement, elle apparaît dans le monde occidental, au XVIIIe siècle, sous la double forme du droit d’auteur et du copyright. L’un et l’autre englobent, dans un dosage différent, deux types de droits: un droit moral qui donne à l’auteur un certain nombre de prérogatives sur l’usage de ses œuvres; un droit patrimonial qui fait d’une production de l’esprit une marchandise protégée, négociable par ses ayant-droit. Cette innovation émerge en un temps où l’activité créatrice s’émancipe du pesant mécénat qui est jusque-là la principale source de revenus des auteurs sans fortune. En ouvrant aux créateurs une maîtrise mieux garantie sur l’usage de leurs œuvres et les moyens d’une existence plus autonome, elle constitue indéniablement une étape émancipatrice de l’histoire culturelle. Elle s’inscrit dans le mouvement général de libéralisation qui provoque alors l’essor de la société britannique, l’indépendance américaine, la révolution française.
Mais la forme prise par cette émancipation participe au match. D’abord, elle contribue à cristalliser une idéologie de l’œuvre et du génie qui marque une vraie bifurcation de l’histoire culturelle occidentale, imprimant son estampille sur la nature même des œuvres produites et sur leur relation à la société. Désormais, le génie créateur, de préférence solitaire, émet une œuvre dont une des qualités principales est de pouvoir prendre son autonomie, circuler, éventuellement entrer dans un processus industriel, par exemple l’imprimerie. L’œuvre est ainsi distinguée, séparée des rapports sociaux qui ont permis son émergence, fétichisée au sens où Karl Marx parle du fétichisme de la marchandise. Jusque-là, le commanditaire d’une œuvre – le pape de Rome pour Michel-Ange, le roi de France pour Molière, l’électeur de Saxe pour Jean-Sébastien Bach – en était l’ayant-droit légitime et le souverain ordonnateur. Désormais, c’est son auteur qui est élevé à la dignité de «propriétaire intellectuel», Prométhée à l’inspiration démiurgique qui peut garder son œuvre intacte dans le coffre à secret de son âme incomprise, ou la vendre au plus offrant. L’œuvre n’est plus le nœud d’une réunion circonstanciée où l’émotion collective d’une communauté humaine lui donne sens et vie – concours théâtraux de l’Athènes antique, soumou du Mali, féries religieuses de Pâques ou de Noël, bals princiers, oraisons funèbres. Elle est l’œuf inaltérable d’un aigle solitaire offert à l’adoration dévote des consommateurs de propriété intellectuelle. Elle est la forme sublime de la marchandise, son Saint-Sacrement.
[…]
Les lignées occidentales de la vie artistique se débattent aujourd’hui dans des controverses dépressives qui amènent artistes et commentateurs à proclamer toutes les six semaines la mort de la peinture, du théâtre, du roman, de la musique, de l’art en général. Kasimir Malevitch, John Cage ou Marcel Duchamp ont fait de cette proclamation des événements artistiques indéfiniment répétés depuis. Moustacher la Joconde et nous révéler qu’L.H.O.O.Q., élever une cuvette de chiotte au rang d’objet d’art et de motif à commentaires savants, c’est un plan d’évasion, presque une clef pour sortir de l’épuisement où parvient forcément un jour un art axé sur lui-même et des œuvres figurées comme des hypostases du dieu Marchandise. C’est rappeler que tout art tient d’abord dans un événement social, des regards qui se croisent, se nouent et transforment la vision du monde. Mais le geste salutaire de Duchamp (comme l’interminable bégaiement de ses épigones) ne suffit pas encore. Il est encore prisonnier d’un regard en arrière qui le condamne à la ponte d’une œuvre-marchandise. Le système le sait. Il le prouve. Il s’en vante. Sûr de son fric, il nous lance, goguenard: «J’ai acheté un Duchamp.» D’un appel d’air, il fait une valeur refuge. Un croisement de regard termine sa destinée dans la nuit d’un coffre-fort. Et dans cette obscurité, «le» Duchamp multiplie la mise de son nouveau maître. Le système a subverti la subversion, passé la laisse, laissé la provocation bénéfique en suspens.
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03 avril 2006
lituraterre
(ce jeu de mot là est dans Littérature, 3, octobre 1971)
Ça n’est pas pour me vanter mais j’ai un lecteur lacanien ! Je le remercie pour sa réaction rapide. Grâce à lui je peux préciser que la citation de Lacan est extraite de « Freud per sempre », un entretien de Jacques Lacan avec Emilia Granzotto pour le journal Panorama (Rome, 21 novembre 1974), et la citer plus largement, ce qui permet de s’apercevoir que le but de Lacan n’est nullement de faire l’éloge de la science-fiction, mais bien de dire du mal, de manière assez drôle, il faut l'avouer, de ses collègues scientifiques et leurs prétendus progrès :
Question. – Quel rapport y a-t-il aujourd’hui entre la science et la psychanalyse ?
Lacan – Pour moi l’unique science vraie, sérieuse, à suivre, c’est la science fiction. L’autre, celle qui est officielle, qui a ses autels dans les laboratoires avance à tâtons sans but et elle commence même à avoir peur de son ombre.
Il semble que soit arrivé aussi pour les scientifiques le moment de l’angoisse. Dans leurs laboratoires aseptisés, revêtus de leurs blouses amidonnées, ces vieux enfants qui jouent avec des choses inconnues, manipulant des appareils toujours plus compliqués, et inventant des formules toujours plus abstruses, commencent à se demander ce qui pourra survenir demain et ce que finiront par apporter ces recherches toujours nouvelles. Enfin, dirai-je, et si c’était trop tard ? On les appelle biologistes, physiciens, chimistes, pour moi ce sont des fous.
Seulement maintenant, alors qu’ils sont déjà en train de détruire l’univers, leur vient à l’esprit de se demander si par hasard ça ne pourrait pas être dangereux. Et si tout sautait ? Si les bactéries aussi amoureusement élevées dans les blancs laboratoires se transmutaient en ennemis mortels ? Si le monde était balayé par une horde de ces bactéries avec toute la chose merdeuse qui l’habite, à commencer par les scientifiques des laboratoires ?
Aux trois positions impossibles de Freud, gouverner, éduquer, psychanalyser, j’en ajouterais une quatrième : la science. À ceci près que eux, les scientifiques, ne savent pas qu’ils sont dans une position insoutenable.
Q. – C’est une vision assez pessimiste de ce qui communément se définit comme le progrès.
L. – Pas du tout, je ne suis pas pessimiste. Il n’arrivera rien. Pour la simple raison que l’homme est un bon à rien, même pas capable de se détruire. Une calamité totale promue par l’homme, personnellement je trouverais ça merveilleux. La preuve qu’il aurait finalement réussi à fabriquer quelque chose avec ses mains, avec sa tête, sans intervention divine ou naturelle ou autre.
Toutes ces belles bactéries bien nourries se baladant dans le monde, comme les sauterelles bibliques, signifieraient le triomphe de l’homme. Mais ça n’arrivera pas. La science a sa bonne crise de responsabilité. Tout rentrera dans l’ordre des choses, comme on dit. Je l’ai dit, le réel aura le dessus comme toujours, et nous serons foutus comme toujours.
On peut lire le reste de l’entretien sur le site de l’École Lacanienne de Psychanalyse, qui propose, dans la rubrique « Pas-tout Lacan » de lire en ligne ou de télécharger de nombreux inédits de Jacques Lacan. J’en profite pour signaler qu'on peut aussi lire en ligne la transcription des Séminaires, sur le site Gaogoa, et Les Mathèmes de Lacan par Jacques Sibony, sur le site Lutecium.
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30 mars 2006
les images de la boîte
Encore une illustration de la guerre de l'internet, entre marchands et citoyens (pour reprendre le beau titre du bon livre de Mona Chollet, qui j'en suis sûre ne m'en voudra pas).
L'inépuisable Boîte à images qui presque chaque jour offre gratuitement à tous des analyses tellement passionnantes sur l'art et les images se voit intimer l'ordre de passer à la caisse pour avoir publié sans autorisations quelques photographies. Lamentable !
01:09 Publié dans art, internet, vraie vie | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
12 mars 2006
un site hypnotique
Worldometers affiche en temps réel des données statistiques mondiales.
Les chiffres de la vie de la terre défilent : les naissances, les morts, aujourd'hui, cette année, les livres publiés, les vélos produits, les ordinateurs vendus, les millions de calories ingérées, les hectares de forêt détruits ...
02:55 Publié dans internet, vraie vie | Lien permanent | Commentaires (1) | Envoyer cette note
27 février 2006
nouvelle renaissance
Appelant de leurs voeux une " nouvelle renaissance ", ceux qui rêvent de mutations pour l'humain citent souvent le De la dignité de l'homme du jeune italien Pic de la Mirandole (1463-1494), qui, pour avoir voulu fonder les bases d'une philosophie nouvelle sur la faculté donnée à l'homme de choisir son propre destin, disparut prématurément.
[...] à l'homme naissant, le Père a donné des semences de toute sorte et les germes de toute espèce de vie. Ceux que chacun aura cultivés se développeront et fructifieront en lui: végétatifs, il le feront devenir plante; sensibles, ils feront de lui une bête; rationnels, ils le hisseront au rang d'être céleste; intellectifs, ils feront de lui un ange et un fils de Dieu. Et si, sans se contenter du sort d'aucune créature, il se recueille au centre de son unité, formant avec Dieu un seul esprit, dans la solitaire opacité du Père dressé au-dessus de toutes choses, il aura sur toutes la préséance. [...] Qu'une sorte d'ambition sacrée envahisse notre esprit et fasse qu'insatisfaits de la médiocrité, nous aspirions aux sommets et travaillions de toutes nos forces à les atteindre (puisque nous le pouvons, si nous le voulons).
Pour qui souhaite se reporter à la source, les excellentes éditions de l'éclat proposent parmi leurs livres en accès libre (ou lyber), le texte du discours De la dignité de l'homme en latin, accompagné d'une traduction française, d'une préface, d'une biographie et de notes.
Le simple fait que ce texte - et pas mal d'autres - soit ainsi accessible en ligne est sans aucun doute l'une des conditions des mutations présentes et futures de la pensée humaine.
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