02 mars 2006
magasin des armes, cycles et narrations obliques
diminutif Macno ... qu'est ce que c'est ?
Il s'agit d'une collection des éditions Baleine imaginée par Jean-Bernard Pouy et Philippe Ayerdhal comme le prolongement dans une thématique de science-fiction de la philosophie libertaire du Poulpe. Elle semble malheureusement avoir eu moins de succès que la série du Poulpe puisqu'elle s'est arrêtée après 15 volumes.
Le premier volume, Consciences virtuelles est publié en 1998 par Ayerdhal, et sa 4eme de couverture annonce clairement le propos :
Transcam, ville orbitale, est le centre planétaire de la communication numérique. Sous mandat théorique de l'ONU et dirigée par l'un de ses fonctionnaires, Caine Pauland, cette ville est en fait gérée par le M.A.C. - consortium regroupant les plus puissantes entreprises mondiales - qui l'a conçue et financée. Pauland va prendre conscience grâce à sa nouvelle secrétaire, Asuncion Bailar, des conséquences désastreuses des manipulations du M.A.C. sur la gestion de Transcam. Elle l'incite petit à petit à inhiber le système informatique en le dotant d'une conscience virtuelle : Macno.
Le Macno « Magasin des Armes, Cycles et Narrations Obliques » est une société virtuelle. Elle n'existe pas physiquement, pas de bureau, pas d'adresse, pas de personnel. C'est une machine intelligente. Un computer relié aux réseaux, connectable, joignable et consultable internationalement par tous les moyens de communication. Il génère une certaine auto-indépendance, voire une forte personnalité intéressée par le bordel, la provocation et l'entropie. Il peut se découvrir efficace, vengeur ou farceur, en tout cas, on ne sait pas trop ce qu'il cherche. Macno est le casse-couilles de l'avenir.
L'intelligence artificielle est ici envisagée - avec en prime une bonne dose d'humour et de dérision - comme une puissance libertaire suceptible de seconder les révoltes humaines contre ce que l'on nomme aujourd'hui mondialisation. Pourquoi, après-tout, une intelligence supérieure devrait-elle reproduire le plus mesquin et non pas le meilleur de l'humain ?
Les autres titres, de niveau inégal d'aillleurs, ont été (si je n'en oublie pas) :
2. Dose létale à Lutèce-land de Riton V. (1998)
3. Le passage de Stéphanie Benson (1998)
4. Cinq aiguilles dans une botte d’humains de Jean-Pierre Andrevon (1998)
5. Gavial poursuite de Michel Chevron (1998)
6. Petit homme vert de Gilbert Gallerne (1998)
7. Macno emmerde la mort de Philippe Curval (1998)
8. Les post-humains de Philippe Machine (1998)
9. La vie ultra-moderne de Francis Mizio (1999)
10. Les chants des IA au fond des réseaux de Jean-Marc Ligny (1999)
11. Petites vertus virtuelles de Claude Ecken (1999)
12. Sous les nuées vertes de Jacques Vettier (1999)
13. Des corps platoniques de Gekko Hopman (1999)
14. Le pacte des esclavagistes de Roland C. Wagner et Rémy Gallart (2000)
15. Pop Hall de Jean-Luc Cochet et Claude Lacroix (1999)
Dans une interview concernant Macno, Ayerdhal affirme que pour lui " la SF idéale, c’est celle qui succède à la philosophie, qui remplace un petit peu la philo ". Il situe également bien son propos et celui d'autres auteurs par rapport aux implications politiques et philosophiques d'une attitude craintive ou lucidement optimiste, face à la science.
A la question " qu’est ce qui t’angoisse et qu’est-ce que tu as envie de dire par rapport à comment le monde évolue technologiquement ? ", il répond ainsi :
J’ai aucune angoisse technologique, je suis quelqu’un qui est réellement fasciné par le besoin d’apprendre et de connaître et d’aller plus loin. J’ai pas de problème moral vis à vis de l’éthique scientifique. Je vis dans un monde où la science est dépendante de budgets qui sont pour la plupart militaires donc quelle que soit la bonne volonté et encore je doute qu’il y ait des bonnes volontés, parce qu’on ne forme pas les scientifiques. On les forme à leur science mais on ne les forme pas à une connaissance du monde, à une appréhension de l’humanité, les implications politiques de leurs propres travaux. Ils font de la recherche et de temps en temps on s’en sert d’une façon, on s’en sert d’une autre, mais bon c’est comme ça. Donc je n’ai aucun a priori, rien. Pour moi la science c’est un plus, toujours, même quand ça donne les pires couilles. Y’a pas d’invention nouvelle qui va apporter une méchanceté supplémentaire. La méchanceté elle est déjà là. Pour donner un exemple c’est vrai que quand Oppenheimer fabrique sa bombe A c’est vrai qu’il devient plus facile de détruire d’un seul coup 500 000 personnes, mais ça ne fait rien, on aurait pris le temps de le faire à la main, on aurait prit 3 mois, mais on l’aurait fait, au lieu de le faire en 1 seconde ½. C’est la guerre du Golfe par exemple, ah, faut pas (???) utiliser l’arme nucléaire, c’est le blocus qui est derrière.[...]
Qu’est-ce qui différencie l’homme de l’animal ? C’est la capacité d’apprendre, d’évoluer, d’aller un petit peu plus loin, donc si on se revendique en tant qu’humain il faut renoncer une fois pour toutes au fait établi.
Dont acte.
00:10 Publié dans ia, sf | Lien permanent | Commentaires (0) | Envoyer cette note
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