12 avril 2006
biologie des passions
Tout de même, anature ou pas, l’homme doit composer avec tout ce que, dans son système nerveux, il ne contrôle pas et dont le plus souvent il n’est pas même conscient - peut-être est-ce là, d’ailleurs, que réside l'inconscient véritable.
Comme tous les organismes vivants le corps humain n'a pu survivre qu'en maintenant son milieu interne à l'abri des agressions de l'environnement. C'est ce que l'on nomme l'homéostasie. Le cerveau doit veiller à cet équilibre et, pour ce faire, se prolonge en une multitudes de nerfs et de canaux qui forment les systèmes nerveux central et autonome. Ce système très perfectionné s’informe en permanence sur les déséquilibres et des dangers encourus par le corps, et sécrète diverses hormones afin de réguler les fonctions vitales de l’organisme.
Le neurobiologiste Jean-Didier Vincent, a depuis son Biologie des passions (Odile Jacob, 1986) souvent décrit - avec beaucoup d’humour et d’humilité - les fluides qui parcourent ainsi à notre insu nos tissus et nous dictent nos comportements. Un petit exemple tiré d’un de ses ouvrages les plus récents et dont l'édifiante conclusion laisse sceptique :
Ainsi, la nouveauté qui accompagne un stimulus (nouveau lieu, nouvel aliment) se traduit par une élévation de la libération de dopamine, notamment dans une région carrefour appelée noyau accumbens. La répétition crée l'habitude et l'habitude tarit la libération de dopamine. Celle-ci s'élève par exemple dans le cerveau d'un rat qui honore une rate pour la première fois; au cinquième assaut consécutif, le mâle se désintéresse de la femelle et la dopamine cérébrale ne réagit plus. Il suffit de changer la partenaire sexuelle pour que renaisse la vigueur érotique du rat et que la dopamine coule de nouveau à flot dans son noyau accumbens. Je rappelle qu'il s'agit d'un rat et oppose à cette lamentable expérience les propos de Michelet : « On s'aime à mesure qu'on se connaît mieux, qu'on a vécu ensemble et beaucoup joui l'un de l'autre. »
(Jean-Didier Vincent, Le Cœur des autres. Une biologie de la compassion, Plon, 2003, p. 106)
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