11 juillet 2006
nous existons seuls
Les liens entre un être et nous n’existent que dans notre pensée. La mémoire en s’affaiblissant les relâche, et, malgré l’illusion dont nous voudrions être dupes et dont, par amour, par amitié, par politesse, par respect humain, par devoir, nous dupons les autres, nous existons seuls. L’homme est l’être qui ne peut sortir de soi, qui ne connaît les autres qu’en soi, et, en disant le contraire, ment.
Marcel Proust, Albertine disparue (À la recherche du temps perdu, Pléiade, IV, p. 34)
Telle était la citation de Proust préparée pour ce post. Mais en rentrant de vacances sans ordinateur ni connexion internet (c'est un peu dur les premiers jours mais ça fait du bien !) je me suis aperçue que la fonction " fermer les commentaires " n'avait pas fonctionné et j'ai été inquiète. Et puis non, finalement, que des commentaires sympathiques et constructifs de berlol et brigetoun, et je me sens moins seule. Désolée pour l'absence de réponse et merci.
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Commentaires
Que le lien à quelque "être" ne soit au fond que purement égoïste (= "ne puisse sortir de soi"), Proust en fait la démonstration par sa proposition même : il exprime son sentiment personnel ET prétend que tout autre ment s'il dit le contraire. C'est dire s'il enferme l'autre dans son propre point de vue à lui ! Nous n'avons plus qu'à nous taire...
Nous n'avons même pas à discuter la proposition : Proust ne parle ici que de lui-même.
Écrit par : Varna | 11 juillet 2006
en effet, Proust est particulièrement doué pour nous entortiller dans les replis de son style
il ne parle que de lui-même et pourtant il parle aussi de moi
Écrit par : cgat | 11 juillet 2006
" Les liens entre un être et nous n’existent que dans notre pensée."
Déjà cette première phrase donne à entendre qu'entre un être et nous il y a plus qu'une distance : une étrangèreté, une hétérogénéité. Or s'il y a, en quelque façon que ce soit, identité ou homogénéité d'un être à un autre être (à cet autre être que je suis), le lien est établi avant même qu'on le pense. A notre insu.
Proust mentalise son lien. C'est dire qu'il est forcément le sujet de cette.... relation. Mais si le mental-sujet était justement l'empêcheur de lier ensemble ce qui partout / est / ?
Serrons-lui la main à Proust, il comprendra ;-)
Écrit par : Varna | 12 juillet 2006
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