04 juillet 2006

de beaux contresens

Deleuze aussi cite souvent Proust, et pas seulement dans sa belle étude Proust et les signes. Ainsi, lorsqu'il compare le style au bégaiement, il s'appuie sur un passage de Contre Sainte-Beuve :

medium_giotto_ange2.jpgLes beaux livres sont écrits dans une sorte de langue étrangère. Sous chaque mot chacun de nous met son sens ou du moins son image qui est souvent un contresens. Mais dans les beaux livres tous les contresens qu'on fait sont beaux.

Marcel Proust, Contre Sainte-Beuve (Pleiade, p. 305)

On peut prolonger la réflexion par ces deux « notes sur la littérature » :

Ne pas oublier qu’il est presque aussi stupide de dire pour parler d’un livre : « C’est très intelligent », que « Il aimait bien sa mère ». mais le premier n’est pas encore mis en lumière.

Ne pas oublier : Les livres sont l’œuvre de la solitude et les enfants du silence. Les enfants du silence ne doivent rien avoir de commun avec les enfants de la parole, les pensées nées du désir de dire quelque chose, d’un blâme, d’une opinion, c’est-à-dire d’une idée obscure.

Marcel Proust, Contre Sainte-Beuve, (Pleiade, p. 309)

Commentaires

mais toi et Proust vous parlez des "vrais livres". Maintenant ce sont dans le meilleur des cas des thèses romancées, ou un stade après des essais literraires ou scientifiques ou politiques, puis la grosse masse : les souvenirs réécrits

Écrit par : brigetoun | 04 juillet 2006

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