une seule et même chose

[…] l’esprit et le corps sont une seule et même chose, qui se conçoit sous l’attribut tantôt de la Pensée, tantôt de l’Étendue. […]
Personne, en effet, n’a jusqu’ici déterminé ce que peut le corps, c’est à dire que l’expérience n’a jusqu’ici enseigné à personne ce que, grâce aux seules lois de la Nature – en tant qu’elle est uniquement considérée comme corporelle -, le corps peut ou ne peut pas faire, à moins d’être déterminé par l’esprit. Car personne jusqu’ici n’a connu la structure du corps assez exactement pour en expliquer toutes les fonctions […] En outre, personne ne sait de quelle manière ou par quels moyens l’esprit met le corps en mouvement, ni combien de degrés de mouvement il peut lui imprimer, et avec quelle vitesse il peut le mouvoir. D’où suit que les hommes, quand ils disent que telle ou telle action du corps a son origine dans l’esprit qui a de l’emprise sur le corps, ne savent pas ce qu’ils disent et ne font qu’avouer ainsi en termes spéciaux qu’ils igorent la vraie cause de cette action.

Spinoza, Éthique, III, Scolie de la proposition 2