ajouter au désordre

Bon, d’accord, cet article de Daniel Kaplan, « Penser l’internet dans 10 ans », a déjà plus d’un mois, et je ne suis pas à la pointe de l’actualité, mais je trouve stimulante sa façon d’envisager l’internet du futur comme un « désordre croissant (…) destructeur et créatif à la fois », résultat de la « plasticité du numérique » au coeur d’une société « tout aussi, voire plus désordonnée, bruyante, incertaine, tendue, compliquée, conflictuelle, créative, torturée qu’aujourd’hui » :

L’internet est le siège d’une immense conversation, cacophonique, bourdonnante, désordonnée, sans fin et sans but – autre que celui de nourrir le lien, de construire nos identités, de faire fonctionner nos vies avec celles des autres sans pour autant faire comme eux en même temps qu’eux. Et parce qu’ils produisent eux-mêmes des données à jet continu, les objets (Julian Bleecker parle de “blogjets“, d’objets qui bloguent) et les espaces vont s’ajouter à la conversation, l’alimenter (”t’as vu ce qu’a vu mon robot ?”, “sais-tu que mon capteur indique un taux de pollution de X ?”…), la relayer, lui faire prendre des tours inattendus. Ils vont enrichir la combinatoire, faire monter l’intensité sonore, multiplier les occasions de rupture de la chaîne (pannes, incompatibilités…) et produire, par leur simple masse, des effets agrégés tout à fait inattendus – on parle d’”émergences”.
Ils vont ajouter au désordre.