mâcher du papier

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Le livre de Christophe Bataille, Quartier général du bruit (Grasset, 2006), qui évoque de manière à la fois elliptique et percutante la figure complexe de Bernard Grasset dans la période de l’avant-guerre

« Ce portrait je l’avais vu et caressé mille fois – l’oeil de Proust, la bouche de Hitler, et cette peau de cadavre qui semblait tendre la toile, la pièce, les murs, la rue, toute l’industrie, jusqu’à nos pauvres mains qui l’imploraient … » (p. 47)

rappelle que les livres sont aussi du papier (que le narrateur, Kobald – le Diable – « mâche » continûment), les écrivains des narcisses, l’édition un commerce (« Que voulez-vous c’est la perfection du marché. Le commerce transmute la littérature. Nouvelle alliance. », p. 90), les prix littéraires un combat (« on travaillait au couteau, à la baïonnette, on dansait aux tranchées de l’art et du commerce. », p. 108) … et que – non – ce n’était pas mieux avant.

Christophe Bataille, né en 1971, est éditeur chez Grasset depuis 1997.
Il est l’auteur de 5 autres romans :
Anmam (Arléa, 1933) Prix du premier roman et Prix des Deux Magots
Absinthe (Arléa, 1994)
Le maître des heures (Grasset, 1997)
Vive l’enfer (Grasset, 1999)
J’envie la félicité des bêtes (Grasset, 2002)