spinoza encule descartes

Un neurologue a beaucoup travaillé et écrit sur les émotions, les sentiments, et les rapports complexes entre le corps et l’esprit : Antonio R. Damasio, qui est né et a fait ses études à Lisbonne avant de partir pour les Etats-Unis, et est aujourd’hui mondialement connu pour ses travaux sur le cerveau humain.

Damasio, dont les écrits mêlent avec bonheur hypothèses neurologiques et expériences cliniques, philosophie et littérature, humour et sensibilité, est notamment l’auteur de :
L’erreur de Descartes : La raison des émotions (Odile Jacob, 1995, traduction française de Descartes’ Error : Emotion, reason and the human brain, Putnam and sons, 1994)
Le sentiment même de soi : corps, émotions, conscience (Odile Jacob, 1999, traduction française de The feeling of what happens. Body and emotion in the making of conciousness, Harcourt, 1999)
Spinoza avait raison : Joie et tristesse, le cerveau des émotions (Odile Jacob, 2003, traduction de Looking for Spinoza : Joy, Sorrow, and the Feeling Brain, Harcourt, 2003).

L’erreur de Descartes est d’avoir instauré la grande coupure entre le corps et l’esprit, d’avoir fait de l’esprit et du corps deux entités distinctes, séparées, indépendantes l’une de l’autre, et dont l’une (l’esprit) domine l’autre. Cette représentation erronée perdure aujourd’hui encore, non seulement dans les habitudes de pensée d’une majorité de personnes, mais aussi chez de nombreux scientifiques.
Le génie visionnaire de Spinoza a au contraire réuni l’esprit et le corps, et Damasio s’étonne de ce que ce philosophe quasi contemporain de Descartes ait pu être à ce point le précurseur des théories scientifiques contemporaines.
Damasio exclut évidemment tout dualisme et toute primauté de l’esprit sur le corps, et, plus généralement, présente la façon dont se construit la conscience, par l’intégration des informations venues du corps.

Je précise que le titre de ce post est une citation du titre de Jean-Bernard Pouy, Spinoza encule Hegel .