bancs d’idées

Sans doute je me le disais autrefois, mais (est-ce la neurasthénie de guerre?) il me semble de plus en plus indubitablement sentir la ténuité de ces ruisselets grâce auxquels s’allument mes pensées vagues, si vite exténuées, en mon laboratoire poupin enfermé dans mon crâne.
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Pourtant, c’est dans le moins de force que m’apparaissent toujours les idées les plus vastes, les plus importantes. De véritables bancs d’idées, nombreux à en avoir la respiration coupée, mais d’un délicat, d’un flou, d’un tel en deçà des mots-pensées ! Fugitifs fantômes desquels ne subsiste autant dire que l’impression de savoir, ou plutôt d’avoir su, de quelle vraie façon souterraine les choses se tiennent réellement.

Henri Michaux, « Idées de traverse », Passages