ne plus savoir penser

Comme le corps (ses organes et ses fonctions) a été connu principalement et dévoilé, non par les prouesses des forts, mais par les troubles des faibles, des malades, des infirmes, des blessés (la santé étant silencieuse et source de cette impression immensément erronée que tout va de soi), ce sont les perturbations de l’esprit, ses dysfonctionnements qui seront mes enseignants. Plus que le trop excellent « savoir-penser » des métaphysiciens, ce sont les démences, les arriérations, les délires, les extases, les agonies, le « ne-plus-savoir-penser », qui véritablement sont appelés à « nous découvrir ».

Henri Michaux, Les Grandes Épreuves de l’esprit et les innombrables petites