une paresse occupée

Dans son Journal intime de 17 000 pages, une icône du genre, Henri-Frédéric Amiel écrit :

Ce journal-ci représente la matière de quarante-six volumes à trois cent pages. Quel prodigieux gaspillage de temps, de pensée et de force ! Il ne sera utile à personne, et même pour moi il m’aura plutôt servi à esquiver la vie qu’à la pratiquer. (tome I)

et ailleurs :

Le journal intime m’a nui artistiquement et scientifiquement. Il n’est qu’une paresse occupée et un fantôme d’activité intellectuelle. Sans être lui-même une œuvre, il empêche les autres œuvres, dont il a l’apparence de tenir lieu. (tome XI)