cette question de déménagement
XLI. Le port Un port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie. L’ampleur du ciel, l’architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, le scintillement des phares, sont un prisme merveilleusement propre à amuser les yeux sans jamais les lasser. Les formes élancées des navires, au gréement [...]
même des contrées à venir
Écrire n’a rien à voir avec signifier, mais avec arpenter, cartographier, même des contrées à venir. Si la carte s’oppose au calque, c’est qu’elle est tout entière tournée vers une expérimentation en prise sur le réel. La carte ne reproduit pas un inconscient fermé sur lui-même, elle le construit. (…) La carte est ouverte, elle [...]
une belle et noble chimère
Me voici enfin parvenu au terme jusqu’auquel je m’étais proposé de conduire ces Mémoires. Il n’y en peut avoir de bons que de parfaitement vrais, ni de vrais qu’écrits par qui a vu et manié lui-même les choses qu’il écrit, ou qui les tient de gens dignes de la plus grande foi, qui les ont [...]
mes espaces sont fragiles
l’espace (suite et fin) J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources Mon pays natal, le berceau de ma famille, la maison où je serais né, l’arbre que j’aurais vu grandir (que mon père aurait planté le [...]
l'écriture me protège
De l’autre côté de la rue, trois pigeons sont longtemps restés, immobiles, sur le rebord du toit. Au-dessus d’eux, vers la droite, une cheminée fume ; des moineaux frileux se perchent sur le sommet des conduits. Il y a du bruit en bas, dans la rue. Lundi. Neuf heures du matin. Il y a déjà deux [...]
transvertébration
En contrepoint à la lanterne magique de Bergman (qui avait aussi des problèmes avec sa maman), celle de Marcel Proust : À Combray, tous les jours dès la fin de l’après-midi, longtemps avant le moment où il faudrait me mettre au lit et rester, sans dormir, loin de ma mère et de ma grand-mère, ma chambre [...]
élargir le champ de la conscience
Mon hérisson naïf et globuleux devient fauve dans leur reflet. Écris autre chose, me l’a-t-on assez dit, ce conseil d’ami, quelque chose de simple qui se lise bien, avec un début et une fin. Écris un roman policier, me l’a-t-on assez demandé. Je ne suis pas contrariant. Ce n’est pas parce que je possède un [...]
se défendre sans combattre
Le Renard sait beaucoup de choses, le Hérisson n’en sait qu’une grande, disoient proverbialement les Anciens. Il sait se défendre sans combattre, et blesser sans attaquer : n’ayant que peu de force et nulle agilité pour fuir, il a reçû de la Nature une armure épineuse, avec la facilité de se resserrer en boule et de [...]
et nous déguisons à nous-mêmes
Au risque de déprimer certains et d’en énerver d’autres, encore quelques citations reprises du Laudator Temporis Acti de Lucien Jerphagnon, qui m’a donné envie de lire les Pensées du début à la fin, et pas en grappillant, avec par exemple : Ainsi la vie humaine n’est qu’une illusion perpétuelle : on ne fait que s’entre-tromper et s’entre-flatter. [...]
si on ne s'évite pas
À plusieurs, on souffre autant, mais on le supporte moins mal, et c’est toujours autant de pris. Ainsi, l’intérêt du présent recueil de désespérances pourrait être – je dis bien pourrait être – que mon lecteur tombât, comme cela, sur celle dont il souffre à cette heure-là. Et se retrouvant avec Sophocle, Abélard, Charles Maurice [...]
« go back — keep looking »