mille plateaux

mémoire des lignes de fuite

et le regard alors

En réalité, dans cette vie floue, elle était quand même bizarrement amarrée, et c’était par son métier. travailler, oui, c’était ça qui la retenait à quai, même si certains trouvaient ça vulgaire. Ils disaient il n’y a pas que le travail dans la vie, tu devrais chercher un autre homme, gai et disponible, tu verrais [...]

en croisant le regard de quelqu'un

Asthmes (Seuil, 2007) de Sophie Maurer est un beau roman très visuel – pas visuel comme un film mais plutôt comme une série de clichés ou de tableaux : s’y succèdent dix personnages à bout de souffle, dont les solitudes se dévoilent en quelques pages, avec, en guise de transition, les brefs instants où leurs regards [...]

je suis illisible

Drôle de compagnie Je suis de ces écrivains qu’on dit difficiles, voire illisibles. Ce n’est pas être en mauvaise compagnie. Compagnie disparate, d’ailleurs. On y trouve aussi bien Pétrarque (il préférait « être incompris plutôt que d’être approuvé ») que Tristan Tzara (qui voulait faire « des œuvres fortes, droites, à jamais incomprises »). Les uns ont [...]

aussi beaux qu'ils sont

« Je voudrais bien ne pas peindre de monstres et pourtant, de l’avis général, c’est à cela que mes tableaux aboutissent. Si je rends les gens laids, ce n’est pas exprès : j’aimerais les montrer aussi beaux qu’ils le sont. », c’est l’exergue, signée Francis Bacon, de La collecte des monstres. Dans ces courtes nouvelles très noires, [...]

parler n'est pas anodin

Dans sa belle « Posface » (excellente initiative que d’en doter chacun des livres de la collection Déplacements !), Béatrice Rilos fait des phrases, pour expliquer, par exemple, qu’elle « n’est pas exotique », en dépit de ses origines martiniquaises, et surtout que « parler n’est pas anodin » : Les mots ne me viennent pas à la bouche dans [...]

j'existe péniblement

D’abord j’ai eu un peu de mal, car ma pente naturelle est à la phrase longue. Or, dans ce livre, presque pas de phrases. Des bribes seulement … et puis je me suis laissée emporter et comme fasciner par le rythme haletant et haché de Béatrice Rilos : Selon toi ai-je l’air normale. J’exhibe mes dessins [...]

une forme supérieure de tact

Plutôt que de citer, comme il me le suggère, la « scène de pornographie boursière avec Ruby », j’ai envie de citer Guy Tournaye citant autrui dans Le décodeur, son précédent roman – en espérant qu’il m’aidera à situer, dans la longue bibliographie de la fin de son livre, les auteurs remixés dans le passage ci-dessous : [...]

un gage de docilité

Sur les aberrations actuelles de la divinité « travail », Guy Tournaye publie Radiation, un livre drôle et atypique, entre le roman et l’essai, à l’image de sa 4ème de couv’ : « Radiation. Docu-fiction. Fr. 2007. Réal.: Franck Valberg. 16/9. Stéréo. Musique : Bryan Ferry & Roxy Music. Portrait d’un réfractaire au service du travail obligatoire, qui décide [...]

on a perdu l'égarement

Charles Pennequin dit : c’est vivant. Et de plus en plus. Et c’est de plus en plus la merde. Plus ça vit et plus c’est la merde. Que faire ? Continuer. Faire avec, avec la vie et avec les emmerdements. Plus on sera emmerdé et plus on sera vivant (c’est un cercle vicieux). Charles Pennequin vit. C’est [...]

la pensée c'est la peur

Je travail dans l’ingérable. Je suis pas gérable. Je suis travaillé. On me gère. Qu’est-ce qu’on fait déjà avec soi-même. Qu’est-ce qu’on en a à faire de soi dans la voix. Et soi le corps. Qu’est-ce qu’on en a à faire de soi le corps et de soi la voix. Soi dans le bain du [...]

« go backkeep looking »
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