pêcheuse de ligne
J’ai l’impression de commencer ce que je n’finirai pas. Entreprendrai-je ? Il faut choisir. Je fais un pas. Personne ne finit la nature, elle se prolonge elle-même. Puisque rien ne se fait. Tout me trouble. Comment font ces adultes pour savoir ce qu’ils font ? Je poursuis ma perte. Sans autant de doutes, et seule, je m’oblige [...]
transvertébration
En contrepoint à la lanterne magique de Bergman (qui avait aussi des problèmes avec sa maman), celle de Marcel Proust : À Combray, tous les jours dès la fin de l’après-midi, longtemps avant le moment où il faudrait me mettre au lit et rester, sans dormir, loin de ma mère et de ma grand-mère, ma chambre [...]
il est triste de ne pouvoir avoir à la fois affection et santé
La correspondance de Marcel Proust montre également à quel point les rapports entre Proust et sa mère sont passionnels et conflictuels, notamment durant les années 1902-1903. Dans cette lettre par exemple : Le samedi soir 6 décembre 1902 Ma petite Maman, Puisque je ne peux pas te parler je t’écris pour te dire que je te [...]
nous tuons tout ce qui nous aime
Le titre de Thomas A. Ravier, ainsi que la large place faite au meurtre de la mère dans son essai, m’incite à relire « Sentiments filiaux d’un parricide », l’étrange article que Marcel Proust rédige pour Le Figaro (1er fév. 1907) sur Henri Van Blarenberghe, une assez vague connaissance qu’il avait rencontré une fois, avec qui [...]
se dispenser d'apparaître
Le plus émouvant, ou pathétique, je ne sais pas, ce sont, en y réfléchissant, ces faux lecteurs de Proust depuis longtemps vrais personnages de son œuvre. Ils n’en ont aucune idée, bien entendu. Je déjeunais hier encore avec l’un d’eux (qui m’a longuement parlé de sa passion pour la Recherche). Legrandin, portable en plus. Très [...]
de nuit sur ma ligne de jour
Mardi – On peut se laisser entraîner par la ligne de fuite, le bord extérieur du rail converti par les pointillés, la chaussée, longer le trottoir, bifurquer, sauter à pieds joints dans les stries, disparaître. Mais l’œil se lasse et retourne aux fenêtres, ne sait pas se contenter du ballast, des grilles et des voies [...]
élargir le champ de la conscience
Mon hérisson naïf et globuleux devient fauve dans leur reflet. Écris autre chose, me l’a-t-on assez dit, ce conseil d’ami, quelque chose de simple qui se lise bien, avec un début et une fin. Écris un roman policier, me l’a-t-on assez demandé. Je ne suis pas contrariant. Ce n’est pas parce que je possède un [...]
se défendre sans combattre
Le Renard sait beaucoup de choses, le Hérisson n’en sait qu’une grande, disoient proverbialement les Anciens. Il sait se défendre sans combattre, et blesser sans attaquer : n’ayant que peu de force et nulle agilité pour fuir, il a reçû de la Nature une armure épineuse, avec la facilité de se resserrer en boule et de [...]
les piquants du hérisson
J’ai lu tant de livres… Pourtant, comme tous les autodidactes, je ne suis jamais sûre de ce que j’en ai compris. Il me semble un jour embrasser d’un seul regard la totalité du savoir, comme si d’invisibles ramifications naissaient soudain et tissaient entre elles toutes mes lectures éparses – puis, brutalement, le sens se dérobe, [...]
chaque centimètre carré
Une image n’est essentielle que si chaque centimètre carré de l’image est essentiel. Michelangelo Antonioni, « Il est plus facile d’inventer », entretien avec André S. Labarthe, Cahiers du cinéma, 112, octobre 1960. Repris dans Écrits (1991) (Images modernes, 2003, p. 27) Antonioni encore, pour signaler cette belle analyse de L’Eclipse par Philippe Lubac et les [...]
« go back — keep looking »