15 juin 2006
renouer avec le temps perdu
Dans le numéro de la revue Critique, Mutants, Catherine Malabou, dont j'ai eu déjà l'occasion de parler, propose un article intitulé « Les régénérés : cellules souches, thérapie génique, clonage ».
Commentant Le Secret de la salamandre. La médecine en quête d'immortalité d'Axel Kahn et Fabrice Papillon (2005), la philosophe retrouve en biologie le concept de « plasticité » dont elle souvent exploré les méandres. La biologie fait en effet aujourd'hui la « démonstration d'une plasticité du vivant absolument insoupçonnée » :
« Ainsi le concept de 'plasticité' biologique est-il en charge aujourd'hui de désigner la réversibilité de l'empreinte. Non pas son effacement, mais sa transformation. [...] Toutes ces possibilités sont au départ celles du vivant lui-même, de sa mémoire, et non le résultat d'une violence technique. »
Et Catherine Malabou de s'interroger sur un étrange paradoxe : lorsque la médecine promet à d'être prochaînement en mesure de le guérir de maladies infâmes, de vieillir moins vite, de voir sa vie prolongée, l'homme s'en effraie et beaucoup refusent ces cadeaux.
La raison de cette peur irrationnelle est la « difficulté à opérer une certaine mutation du regard », la « réticence à admettre que le progrès scientifique exige, paradoxalement, un regard en arrière, un retour, une visée retrospective », à accepter la « fin d'un certain dogme de l'irréversibilité » .
Il s'agit en fait pour l'humanité d'accepter de briser ce tabou de l'irréversibilité que la nécessité lui a imposé et dont elle a fait un dogme : « Ce n'est donc pas, encore une fois, et comme on le croit trop souvent, la légitimité éthique du clonage qui pose problème mais le fait que celui-ci renoue avec le temps perdu. »
00:15 Publié dans mutations, philosophie, science | Lien permanent | Commentaires (2) | Envoyer cette note
Commentaires
Changer notre regard sur le temps, sur nous même dans le temps, c'est une révolution métaphysique !
La flèche change de sens !!
Écrit par : Papotine | 16 juin 2006
C'est une belle et juste façon de formuler cette mutation ! Merci.
Écrit par : cgat | 17 juin 2006
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