machines signifiantes

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Pour quelques jours encore le Centre Georges Pompidou expose les Combines (1953-1964) de Robert Rauschenberg (né en 1925).
J’ai découvert Robert Rauschenberg grâce à Claude Simon, qui dans les Corps conducteurs évoque notamment Charlene (1954, ci-dessus) et Canyon (1959).
J’aime l’alchimie (intime et universelle, signifiante et énigmatique) qui réunit dans ses « combinaisons » des reproductions de Piero della Francesca ou Hokusai, les ailes d’Icare, des photographies d’actualité et la chèvre tuée dans son enfance par son père.
J’aime aussi que le terme qu’il choisit pour désigner ses oeuvres – « combines » – soit celui qui désigne alors dans son Texas natal une machine agricole multifonction, du type moissonneuse-batteuse (où l’on retrouve Claude Simon).

Quelques citations glanées sur les murs de l’exposition :

Si vous ne changez pas d’état d’esprit lorsque vous êtes face à un tableau que vous n’avez jamais vu, soit vous êtes sacrément entêté soit le tableau n’est pas très bon.

J’essaie de contrôler mes habitudes de voir, de les contrarier à la recherche d’une grande fraîcheur.
J’essaie de ne pas être familier avec ce que je fais.

Un tableau ressemble davantage au monde réel s’il est réalisé avec des éléments du monde réel.

L’erreur c’est d’isoler la peinture, c’est de la classifier. J’ai employé des matériaux autres que la peinture, afin qu’on puisse voir les choses d’une manière neuve, fraîche.

Je les appelle « combines », c’est à dire œuvres combinées, combinaisons. Je veux ainsi éviter les catégories. Si j’avais appelé peintures ce que je fais, on m’aurait dit que c’étaient des sculptures, et si j’avais appelé cela des sculptures, on m’aurait dit qu’il s’agissait de bas reliefs ou de peintures.

Robert Rauschenberg, entretien avec André Parinaud (1961) dans Robert Rauschenberg, œuvres de 1949 à 1968 (Musée d’Art moderne de la ville de Paris, 1968, p. 723-726)