mille plateaux

mémoire des lignes de fuite

the air is on fire

Posted on | mai 21, 2007 | Commentaires fermés

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Depuis le 6 mai il pleut et il fait froid à Paris : à défaut de partir jogguer à Brégançon, on peut visiter l’exposition « The air is on fire » consacrée par la Fondation Cartier au David Lynch peintre et plasticien, qui, si elle ne remonte pas franchement le moral, stimule les neurones.
De nombreux croquis et aquarelles proposés au sous-sol sont très intéressants ; m’a également accrochée la série de peintures-collages (à la Rauschenberg) consacrée à la « perte de l’innocence » d’un certain Bob, par exemple celles intitulées « Bob Meets the Redman » (2000) et « Bob Finds Himself in a World for which He Has No Understanding » (2000) – ce dernier titre résonnant comme un résumé programmatique de l’œuvre cinématographique de Lynch.
Sur le site de la Fondation Cartier, on trouve une visite virtuelle de l’exposition présentée par le cinéaste qui donne une assez bonne vision d’ensemble. On peut aussi lire en ligne des articles plus complets ici, ou .

comme un lièvre sans os

Posted on | mai 20, 2007 | Commentaires fermés

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Accablé de paresse et de mélancolie,
Je rêve dans un lit où je suis fagoté,
Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté,
Ou comme un Don Quichotte en sa morne folie.

Là, sans me soucier des guerres d’Italie,
Du comte Palatin, ni de sa royauté,
Je consacre un bel hymne à cette oisiveté
Où mon âme en langueur est comme ensevelie.

Je trouve ce plaisir si doux et si charmant,
Que je crois que les biens me viendront en dormant,
Puisque je vois déjà s’en enfler ma bedaine,

Et hais tant le travail, que, les yeux entrouverts,
Une main hors des draps, cher Baudoin, à peine
Ai-je pu me résoudre à t’écrire ces vers.

Marc-Antoine Girard de Saint-Amant, « Le paresseux »

nous croupir d'oisiveté ennuyeuse

Posted on | mai 19, 2007 | Commentaires fermés

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Nous avons une âme contournable en soi-même ; elle se peut faire compagnie, elle a de quoi assaillir et de quoi défendre, de quoi recevoir et de quoi donner ; ne craignons pas en cette solitude nous croupir d’oisiveté ennuyeuse.

Montaigne, Essais, Livre I, chapitre 38, « De la solitude »

un bout de nerf à vif

Posted on | mai 18, 2007 | Commentaires fermés

Il est tout le contraire d’une boule insensible au dehors, il est un misérable bout de nerf perdu au milieu d’un dehors immense, et le dehors passe son temps à venir le bouleverser. Il est un bout de nerf à vif que le moindre coup de vent met sens dessus dessous, et bientôt il ne sera plus rien, s’il continue il ne sera plus rien, parce que le dehors lui aura tout simplement fait la peau.
Alors quoi. Alors il faut qu’il se secoue. Il faut qu’il s’armure. Il ne faut surtout pas qu’il reste au lit à faire le bout de nerf à vif. Il faut qu’il sorte. Il faut qu’il aille au contact du dehors. Il faut qu’il arrête d’avoir comme ça la peau toute blanche et les bras tout malingres. Il faut qu’il aille au soleil. Il faut que le soleil lui brûle la peau. Il faut que ses bras forcissent. Il faut qu’il arrête de pédaler dans son mouron. Il faut qu’il tape dans un ballon. Il faut qu’il mange du poisson. Il faut qu’il mange des épinards. Il faut qu’il prenne soin de lui. Il faut qu’il se reprenne en main. (p. 171-172)

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Il faut qu’il se repose un bon coup. Il faut qu’il se fasse un bain de concombre et de dodo. Il faut qu’il s’endorme dans un bon bain de concombre et quand il se réveillera tout ira mieux, le concombre aura fait du bien à tout son corps et il n’aura plus du tout le nez rouge. Il faut qu’il se savonne. Il faut qu’il se coupe les ongles. Il faut qu’il arrange ses cheveux qui ne ressemblent à rien. Il faut qu’il s’occupe de lui. Il faut qu’il se fasse beau. Il faut qu’il passe beaucoup de temps à se faire très beau. Il faut qu’il soit beau comme les femmes des publicités pour les masques de concombre. Il faut qu’il passe devant les miroirs et qu’il ait tout à fait l’impression d’être une femme de publicité. Il faut qu’il se dise est-ce possible, je suis une femme de publicité, il ne me manque plus que le masque de concombre.
Il faut qu’il se fasse beau comme une femme des publicités à concombre et qu’il sorte, qu’il aille au-devant du dehors avec beaucoup d’assurance, qu’il marche dans la rue avec l’assurance d’une femme à concombre. Il faut qu’il se précipite chez Ludwig déguisé en femme à concombre et qu’il voie la tête que fait Ludwig. Ludwig est-ce que tu ne vois pas que je suis changé, est-ce que tu ne devines pas ce que je suis. Et si Ludwig lui dit Hercule je rêve ou tu es une femme à concombre ils seront tous les deux sciés, ils n’en reviendront pas, ils iront boire un verre pour fêter ça.
Est-ce que Ludwig ne voudra pas lui aussi se changer en femme à concombre, sans doute que si. Ils feront prendre un bon bain de concombre à Ludwig et Ludwig aussi deviendra une femme à concombre, il se laissera savonner très longtemps jusqu’à ce que sa peau soit douce comme celle d’une femme à concombre et alors il sortira du bain, et lui dira à Ludwig mon vieux je crois bien que ça y est. Ludwig se regardera dans la glace et il tombera par terre, putain ça y est c’est vrai dira-t-il, je suis une femme à concombre, et tous les deux ils seront fous, fous, ils courront chez Umberto et ils seront hystériques, ils diront Umberto devine ce qu’on est, et Umberto dira vous êtes deux femmes à concombre ou je rêve, ils tomberont dans les bras d’Umberto, tous les trois seront hystériques, Umberto n’aura pas le choix, ils le transformeront illico en femme à concombre et tous les trois seront des femmes à concombre, ils n’en pourront plus, ce sera trop, ils courront boire un verre pour fêter ça, ils seront hystériques de bonheur.
Il faut qu’il sorte. Il faut qu’il arrête de jouer les concombres de rivière. Il faut qu’il perde sa peau de concombre de rivière et qu’il sorte. Il ne faut plus qu’il ait peur du dehors. Qu’est-ce que le dehors, le dehors ça n’est rien. Le dehors c’est du beurre. Le dehors ça ne doit pas du tout lui faire peur, ça n’a pas la moindre raison de lui faire peur. C’est du beurre.
Il va s’enfoncer dans le dehors comme dans du beurre, il en rigolera. Il rigolera un bon coup et il dira c’était donc ça. Le dehors c’était ça. C’était ce beurre. Il fendra le dehors et il rigolera, il dira ça alors. Ça alors je fends le dehors. Mon dedans fend le dehors. Je balade mon dedans au milieu du dehors et tout va bien, tout baigne. Mon dedans n’est pas du tout ratatiné par le dehors, au contraire mon dedans va bien, ça baigne pour mon dedans, mon dedans fend le dehors. (p. 174-176)

Sylvain Prudhomme, Les matinées d’Hercule (Le Serpent à plumes, 2007)

le trou entre les deux bosses

Posted on | mai 17, 2007 | Commentaires fermés

Il est aussi cloué au lit que le petit enfant devant son potage qu’il ne veut pas avaler, mais les raisons qui le clouent au lit ne sont pas du tout les mêmes que celles qui clouent le bec au petit enfant qui refuse d’avaler son potage, pas du tout les mêmes c’est évident. Est-ce que le petit enfant pense à la mort à l’instant où il avale son potage. Est-ce qu’à chaque cuillerée de potage qu’il avale il a l’impression que c’est un peu de mort qu’on le force à avaler. Est-ce que quand le petit enfant serre les dents pour ne pas avaler son potage c’est parce qu’il trouve que ce n’est pas possible, le monde est trop hostile. Est-ce qu’à chaque cuillerée qu’on le force à avaler le petit enfant a l’impression que c’est l’hostilité du monde tout entier qu’on l’oblige à laisser entrer dans sa bouche. (p. 75)

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Jules fait-il partie des gens qui ne prendront jamais le train, il ne sait pas, il se demande. Il y a des gens qui ne peuvent pas monter dans un train, c’est plus fort qu’eux, leurs pieds ne veulent pas, plusieurs fois ils ont essayé mais chaque fois ç’a été pareil, ils n’ont pas pu franchir le marchepied, au moment de monter la dernière marche leurs pieds n’ont pas voulu et ils ont fait demi-tour, et le train est parti avec Pépée dedans, et tout ce qu’ils ont pu faire ç’a été d’agiter un mouchoir et de faire de grands au revoir avec la main, et ensuite quand le train a été parti de pleurer beaucoup, parce que ne pas pouvoir monter dans les trains ça ne veut pas dire ne pas être malade de chagrin chaque fois. Il y a des gens qui ne peuvent pas, c’est épidermique, ils ne peuvent pas monter dans les trains, et il y a d’autres gens qui ne vivent que par le train, s’ils ne sont pas toujours dans un train c’est bien simple ils ne vivent plus, la vie à leurs yeux ne vaut plus d’être vécue. Il y a des gens mordus de train, et il y a des gens dont le bonheur au contraire est de toujours rester à quai, de se ramasser sur eux-mêmes et de faire boule, de ramasser toutes les parties d’eux-mêmes et de les tenir ensemble de toutes leurs forces, de faire une boule compacte et de transporter cette boule par le monde entier à dos de chameau.
Il y a l’ordre du train et il y a l’ordre du chameau. N’est-ce pas fou. N’est-ce pas beau. La vie n’est-elle pas une belle chose. (…)
Il a quelle bosse lui. Est-ce qu’il sait. Est-ce qu’il se l’est déjà demandé. Est-ce qu’on peut n’avoir aucune bosse.
Il a quelques certitudes sur sa bosse. Ça n’est pas une bosse du train bien énorme. Il a trop la bosse du chameau pour être vraiment mordu de train. Un train de temps en temps c’est déjà bien assez avec la bosse du train qu’il a, qui n’est pas une bosse du train bien énorme.
Mais a-t-il une bosse du chameau assez costaude pour pouvoir se passer tout à fait de train, voilà la question. Est-ce possible, qu’il ne soit ni vraiment train ni vraiment chameau, ni tout à fait une bosse ni tout à fait l’autre. Qu’il soit le trou entre les deux bosses.
Peut-on vivre heureux en étant un trou. Il l’espère. Il va tout faire pour être heureux, il va mettre toutes les chances de son côté, mais il faut qu’il sache une chose : il est un entre-deux. Entre-deux-bosses. Entre-deux-mers. (p. 107-110)

Sylvain Prudhomme, Les matinées d’Hercule (Le Serpent à plumes, 2007)

on ne se lève plus

Posted on | mai 16, 2007 | Commentaires fermés

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Un livre à acheter d’urgence avant qu’il ne soit censuré au motif d’incitation à se lever tard, tant il encourage de manière indécente la pratique immodérée de la grasse matinée : Sylvain Prudhomme y narre avec beaucoup d’humour les aventures toutes intérieures d’Hercule, occupé à traîner au lit.

Et puis qu’est-ce que cela veut dire important. Est-ce que la vie, est-ce que le bonheur sont faits de choses importantes. Il lui semble qu’au contraire la vie est faite avant tout de choses très banales. Il ne passe pas son temps, dieu merci, à se demander si chaque chose qu’il fait est une chose importante. Il fait des choses banales, oh oui, il ne fait même que cela, des choses banales, et il les fait banalement, sans du tout regretter que ce ne soient pas des choses importantes. À bien y réfléchir cela lui plaît, il en est fier : à d’autres les choses importantes. Aux messieurs importants. Lui est un homme du banal, un homme des petites choses banales faites banalement. (p. 15-16)

Mais ne faut-il pas se méfier de la flemme. N’est-ce pas par la flemme que tout commence. Un matin par flemme on reste au lit, et de la journée on ne se lève plus. Le lendemain on recommence, et puis le surlendemain, et puis le jour d’après. Et une semaine plus tard on est toujours au lit. On ne s’est plus levé, on ne se lève plus, pourquoi se lèverait-on puisqu’on ne s’est pas levé les jours précédents, est-on mort de ne pas s’être levé les jours précédents, non, alors à quoi bon. (p. 19)

Oh qu’il est content. Il se sent l’âme d’un explorateur qui revient d’un grand voyage. C’est un peu cela qui vient de lui arriver, ce n’est pas exagéré de le dire. Il vient de faire un voyage. Le temps de quelques longues minutes il est parti, il a largué les amarres, il a laissé derrière lui ce qu’il avait de plus cher, à commencer par Pépée, Pépée qui est presque une partie de lui-même. Et il s’est précipité au-devant de l’inconnu, il s’est débattu, il a très sincèrement cru se perdre, tout cela pour finalement revenir au port. Quand il y repense ce dénouement lui paraît relever du miracle. Combien plus de chances avait-il de ne pas revenir en arrière, de s’éloigner irréversiblement de Pépée. Il est content. Les circumnavigations de Magellan et de Cook, à côté, lui semblent des aventurettes. Il ne peut s’empêcher de trouver qu’on s’exagère terriblement leur importance. (p. 25-26)

Sylvain Prudhomme, Les matinées d’Hercule (Le Serpent à plumes, 2007)

l'oisiveté du sage

Posted on | mai 15, 2007 | Commentaires fermés

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Il ne manque cependant à l’oisiveté du sage qu’un meilleur nom, et que méditer, parler, lire et être tranquille s’appelât travailler.

Jean de La Bruyère , Les Caractères, « Du mérite personnel »

des cailloux et du sable

Posted on | mai 13, 2007 | Commentaires fermés

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L’une des voix intérieures du dernier homme sur terre cite (p. 210) un beau passage d’ Épictète :

Que font les enfants quand ils sont seuls ? Ils s’amusent, ils amassent des cailloux et du sable, dont ils font de petits châteaux qu’ils détruisent ensuite. Ainsi ils ne manquent jamais d’amusement. Ce qu’ils font par folie et par enfantillage, ne saurais-tu le faire par sagesse et par raison ? Nous avons partout des cailloux et du sable. D’ailleurs nous avons tant à bâtir en nous, tant à détruire ! Ne nous plaignons point d’être seuls !

Épictète, Entretiens, XXIV

la fugacité de leur vie

Posted on | mai 12, 2007 | Commentaires fermés

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Stevens se promène. Dans la campagne anglaise, en Italie, il fait le grand tour. Il traverse des lumières compactes, des légères. Des bois noirs, des collines auréolées. Il regarde de quoi l’herbe est faite, l’épaisseur de l’écorce sur le tronc des arbres, la ténuité des nuages. La figure humaine le bouleverse quand il la rencontre. Elle lui fait l’effet d’un collage. D’une pièce ajoutée, hétérogène, essentiellement disproportionnée.
Sauf là. À l’orée d’un bois. C’est une petite peinture qui tiendrait dans une poche. Elle est verte. Vert sombre, vert d’herbe et de forêt, l’air est vert, la nuit va tomber. Il fait frais. Un homme se penche sur une femme qui va se lever. C’est tout. Stevens ne les connaît pas, ne les reconnaît pas, il ne les situe pas. Il ne leur prête rien. Il les voit. Voit la terrible vigueur qui les traverse et passe dans leur geste ; la fugacité de leur vie. Les arbres sont flous, les personnages sont flous, leurs vêtements sont à peine posés sur la toile, ils n’ont pas de visage mais ils se tiennent là, individuels, intimes, dans la plus grande précision qui soit. Et ils s’entretiennent. Ils s’adressent – l’un à l’autre.
Il ne sait d’où, une phrase lui traverse l’esprit qu’il répète à voix basse. Ne pleurez pas monseigneur, Gauvain n’est pas perdu, vous aurez, vous aussi, le droit de mourir et de le rejoindre.

Céline Minard, Le Dernier Monde (Denoël, 2007, p. 492-493)

(la visite du Louvre désert dans Paris désert sur une terre désertée par les hommes)

ses conditions de possibilité

Posted on | mai 11, 2007 | Commentaires fermés

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Stevens soutenait que personne ne peut être délié. Il disait : tant qu’il me reste un mot en tête, tant qu’il me reste un mot dans mon cerveau d’homme, c’est toute la communauté qui persiste. (p. 159)

- Toutes les sortes d’histoires s’écrivent, monsieur le plénipotentiaire, s’écrivent, se disent, se racontent ou se chantent. Il n’existe pas de fait brut. Le fait brut est une construction du langage, le fait brut n’existe qu’à l’intérieur du langage qui le dit.
- Oui, si vous faites du langage une forme de l’esprit au même titre que l’espace et le temps. Ce qui est faux. Le fait brut existe pour les animaux.
- Les animaux n’existent pas hors du langage. Le monde non plus. Je vous parle du monde humain. Le seul dont nous puissions parler. Il est composé de toutes sortes de choses, mouvements, textures, enjeux, motifs, qui sont autant d’objets du langage, qui tous se disent. La résistance du réel se dit aussi, la maladie aussi, la mort. Et voyez vous-même, si Stevens est encore vivant, c’est qu’il est, pour combien de temps peu importe, c’est qu’il est encore pris dans le monde humain : il écrit. S’il cessait de tenir son cahier, il disparaîtrait comme homme. Il disparaîtrait et avec lui l’ensemble de ce qu’il peut maintenir d’humanité, qui n’est pas toute l’humanité, qui n’est qu’un infime éclat, lacunaire, incomplet, troué, venteux comme l’ont été chacune de ces sortes d’éclats, disparaîtrait. Tout ce qu’il fait est effectivement un prétexte, un pré-texte, un prêt au texte parce que lui, comme personne avant lui je pense, n’a pas d’autre mode d’être humain. Aucune de ses relations avec les traces du monde humain n’aurait d’existence s’il ne les écrivait pas. Comprenez-vous prosopopée ? Personne ne peut vivre tout à fait seul. Nous sommes ses conditions de possibilité. Nous sommes la superposition des couches d’air vide qui entourent le cœur de son pouvoir, nous sommes les salles et les corridors parquetés, nous sommes les coureurs et les maréchaux de son Empire, nous le maintenons, nous le créons continûment comme Cheyenne, comme Ava, Homme Véritable, comme être humain. (p. 202-203)

Personne n’est tout à fait clair avec son unité. Personne n’est tout à fait unique, c’est-à-dire, inséparable, je veux dire, individuel ou indivis. Au Mexique, les Indiens Tzeltal de Cancuc ont dix-sept âmes par tête de pipe. Les Dogons en ont huit. Vous, seulement quatre, vous devriez vous en sortir. (p. 467)

Céline Minard, Le Dernier Monde (Denoël, 2007)

Même si cette odyssée du dernier homme sur terre m’a un peu moins convaincue que les deux précédents textes de Céline Minard, certaines de ses pages (tout le début, les vidéos du centre commercial, la visite du Louvre, etc.) méritent le voyage au long cours.

Céline Minard est née en 1969. Elle a publié deux autres romans : R. (Comp’Act, 2004) et La Manadologie (M.F, 2005).

On peut lire en ligne :
Deux entretiens sur les sites de Fluctuat.net et Télérama (audio)
et deux articles de Tabula Rasa et Zone littéraire.

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