mes espaces sont fragiles

l’espace (suite et fin) J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources Mon pays natal, le berceau de ma famille, la maison…

l’écriture me protège

De l’autre côté de la rue, trois pigeons sont longtemps restés, immobiles, sur le rebord du toit. Au-dessus d’eux, vers la droite, une cheminée fume ; des moineaux frileux se perchent sur le sommet des conduits. Il y a du bruit…

si mon ventre était plat

Récemment, au cours d’une étude menée auprès d’un groupe de femmes issues de milieux défavorisés et de groupes ethniques variés, les enquêteurs ont demandé aux participantes ce qu’elles changeraient prioritairement dans leurs existences si elles en avaient la possibilité ; elles…

pêcheuse de ligne

J’ai l’impression de commencer ce que je n’finirai pas. Entreprendrai-je ? Il faut choisir. Je fais un pas. Personne ne finit la nature, elle se prolonge elle-même. Puisque rien ne se fait. Tout me trouble. Comment font ces adultes pour savoir…

transvertébration

En contrepoint à la lanterne magique de Bergman (qui avait aussi des problèmes avec sa maman), celle de Marcel Proust : À Combray, tous les jours dès la fin de l’après-midi, longtemps avant le moment où il faudrait me mettre au…

il est triste de ne pouvoir avoir à la fois affection et santé

La correspondance de Marcel Proust montre également à quel point les rapports entre Proust et sa mère sont passionnels et conflictuels, notamment durant les années 1902-1903. Dans cette lettre par exemple : Le samedi soir 6 décembre 1902 Ma petite Maman,…

nous tuons tout ce qui nous aime

Le titre de Thomas A. Ravier, ainsi que la large place faite au meurtre de la mère dans son essai, m’incite à relire « Sentiments filiaux d’un parricide », l’étrange article que Marcel Proust rédige pour Le Figaro (1er fév. 1907)…

se dispenser d’apparaître

Le plus émouvant, ou pathétique, je ne sais pas, ce sont, en y réfléchissant, ces faux lecteurs de Proust depuis longtemps vrais personnages de son œuvre. Ils n’en ont aucune idée, bien entendu. Je déjeunais hier encore avec l’un d’eux…

de nuit sur ma ligne de jour

Mardi – On peut se laisser entraîner par la ligne de fuite, le bord extérieur du rail converti par les pointillés, la chaussée, longer le trottoir, bifurquer, sauter à pieds joints dans les stries, disparaître. Mais l’œil se lasse et…

élargir le champ de la conscience

Mon hérisson naïf et globuleux devient fauve dans leur reflet. Écris autre chose, me l’a-t-on assez dit, ce conseil d’ami, quelque chose de simple qui se lise bien, avec un début et une fin. Écris un roman policier, me l’a-t-on…

se défendre sans combattre

Le Renard sait beaucoup de choses, le Hérisson n’en sait qu’une grande, disoient proverbialement les Anciens. Il sait se défendre sans combattre, et blesser sans attaquer : n’ayant que peu de force et nulle agilité pour fuir, il a reçû de…

les piquants du hérisson

J’ai lu tant de livres… Pourtant, comme tous les autodidactes, je ne suis jamais sûre de ce que j’en ai compris. Il me semble un jour embrasser d’un seul regard la totalité du savoir, comme si d’invisibles ramifications naissaient soudain…

chaque centimètre carré

Une image n’est essentielle que si chaque centimètre carré de l’image est essentiel. Michelangelo Antonioni, « Il est plus facile d’inventer », entretien avec André S. Labarthe, Cahiers du cinéma, 112, octobre 1960. Repris dans Écrits (1991) (Images modernes, 2003, p….

c’est le cerveau qui est mis en scène

Je ne résiste pas à citer également la suite du propos de Deleuze, qui concerne le cinéma de Stanley Kubrick : La formule d’Antonioni ne vaut que pour lui, c’est lui qui l’invente. Les corps ne sont pas destinés à l’usure,…

les potentialités futures du cerveau couleur

Très intéressant aussi ce que Gilles Deleuze écrit au sujet de Michelangelo Antonioni : « Donnez-moi donc un corps » : c’est la formule du renversement philosophique. Le corps n’est plus l’obstacle qui sépare la pensée d’elle-même, ce qu’elle doit surmonter pour arriver…

l’objet représenté vibre

En contrechamp à mon billet d’avant-hier, quelques extraits de « Cher Antonioni… » de Roland Barthes : il s’agit de l’un des derniers textes de Barthes, écrit pour la remise à Michelangelo Antonioni du prix « Archiginnedio d’Oro », le 28 janvier 1980 à…

que l’imagination devienne intelligible

Paris, le 18 octobre 1977, 9h (…) Je me suis soudain rendu compte, à la façon inconsciente dont ce film est en train de naître, qu’il n’aboutira jamais à rien si je ne le guide pas. En d’autres mots, le…

éclipse

Michelangelo Antonioni est mort lui aussi hier … triste semaine ! post-scriptum : Jeanne Moreau ressemble tellement dans ce plan de La Notte à une vierge boudeuse de Piero Della Francesca, qui était le peintre préféré d’Antonioni, peintre lui-aussi.

je ritualise l’indicible

Sur la table blanche avec ses rallonges, il y avait, au milieu des autres cadeaux de Noël de mon frère, le cinématographe avec sa cheminée recourbée, son élégante lentille de cuivre et le dispositif pour les rouleaux de films. Ma…

et nous déguisons à nous-mêmes

Au risque de déprimer certains et d’en énerver d’autres, encore quelques citations reprises du Laudator Temporis Acti de Lucien Jerphagnon, qui m’a donné envie de lire les Pensées du début à la fin, et pas en grappillant, avec par exemple :…