bancs d’idées
Sans doute je me le disais autrefois, mais (est-ce la neurasthénie de guerre?) il me semble de plus en plus indubitablement sentir la ténuité de ces ruisselets grâce auxquels s’allument mes pensées vagues, si vite exténuées, en mon laboratoire poupin…
ne plus savoir penser
Comme le corps (ses organes et ses fonctions) a été connu principalement et dévoilé, non par les prouesses des forts, mais par les troubles des faibles, des malades, des infirmes, des blessés (la santé étant silencieuse et source de cette…
une zone d’ombre
L’examen de la pensée fausse la pensée comme, en microphysique, l’observation de la lumière (du trajet du photon) la fausse. Tout progrès, toute nouvelle observation, toute pensée, toute création, semble créer (avec une lumière) une zone d’ombre. Henri Michaux, Postface…
c’est nager qu’elle fait
L’âme adore nager. Pour nager on s’étend sur le ventre. L’âme se déboîte et s’en va. Elle s’en va en nageant. (Si votre âme s’en va quand vous êtes debout, ou assis, ou les genoux ployés, ou les coudes, pour…
quelques jours de pause
s’imposent. Pour patienter, quelques citations d’Henri Michaux sur la conscience, en commençant par une formule que ne renierait pas la sémantique générale : Même si c’est vrai c’est faux. « Tranches de savoir », Face aux verrous
un vide se crée
La conscience est apparue grâce aux instants de liberté et de paresse. Lorsque tu es étendu, les yeux fixés sur le ciel ou sur un point quelconque, entre toi et le monde un vide se crée sans lequel la conscience…
une paresse occupée
Dans son Journal intime de 17 000 pages, une icône du genre, Henri-Frédéric Amiel écrit : Ce journal-ci représente la matière de quarante-six volumes à trois cent pages. Quel prodigieux gaspillage de temps, de pensée et de force ! Il…
un esprit primesautier
Je souhaiterois avoir plus parfaicte intelligence des choses, mais je ne la veux pas achepter si cher qu’elle couste. Mon dessein est de passer doucement, et non laborieusement ce qui me reste de vie. Il n’est rien pourquoy je me…
le laïus
Pour le plaisir, encore un extrait de L’os du doute : la fin du chapitre intitulé « Le laïus » (p. 65-66) : Personne ne vous force à obéir, c’est fini, ça. Nous sommes dans le participatif, ici. Nous vous…
l’os du doute
Quant à ce que le travail fait aujourd’hui des humains, Nicole Caligaris le décrit fort bien dans sa pièce L’os du doute, mise en scène fin 2005 et publiée par les éditions Verticales. L’os du doute est une farce écrite…
rendre vivante la peinture
Les tableaux de Pierre Bonnard, qui déclarait : Il ne s’agit pas de peindre la vie, il s’agit de rendre vivante la peinture. ne sont pas si éloignés des précédents propos. Les humains, de plus en plus au fil des…
vita contemplativa
En l’honneur du 1er mai, petit florilège nietzschéen (non exhaustif!) sur le travail : Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la même arrière-pensée que dans les…
le regard de bonnard
Tout au long de sa vie, Pierre Bonnard a peint de remarquables autoportraits dont le regard impénétrable fascine. Le premier, ci-contre, date de ses débuts : en 1889, Bonnard a 22 ans, il débute et affirme classiquement, en tenant ses…
garde ton andante
Henri Michaux le dit aussi, autrement : Dans une époque d’agités, garde ton « andante ». En toi-même redis-toi toujours : « Davantage, davantage d’andante », tâchant de t’amener où il faut que tu arrives. Sinon, précipité, tout devient superficiel….
la mobilisation infinie
Un constat voisin, encore, dans La Mobilisation infinie du philosophe Peter Sloterdijk, que j’ai eu l’occasion d’évoquer déjà : à ériger le mouvement perpétuel, le travail, l’action, la réalisation de soi, l’ascension sociale en but ultime, l’homme moderne s’expose à…
éloge de la fuite
Ces conseils rejoignent ceux que donne, dans le très beau premier chapitre, intitulé « Autoportrait », de son Éloge de la fuite (Robert Laffont, 1976), le biologiste Henri Laborit : […] chaque homme saura qu’il n’exprime qu’une motivation simple, celle…
au doigt et à l’œil
Alternant les projets de nouvelles et les anecdotes malicieuses (« [je m]’égare un peu en facéties» dit-il) avec des développements plus philosophiques (il cite notament Spinoza), Philip K. Dick tente dans la suite de sa conférence de définir ce qui…
inverser l’analogie
Dans sa conférence « Androïde contre humain » (« Androïd and human », Vancouver, 1972), Philip K. Dick, immense écrivain de science-fiction, invite très judicieusement, sur cette question de l’homme-macine, à « inverser l’analogie » : plutôt que de se…
perpendiculairement rampante
[…] c’est cette forte analogie qui force tous les savants et les vrais juges d’avouer que ces êtres fiers et vains, plus distingués par leur orgueil que par le nom d’hommes, quelque envie qu’ils aient de s’élever, ne sont au…