la légèreté vexante d’une fugitive

(…) elle n’en demeure pas moins comme d’habitude insaisissable et mouvementée, disparaissant dans les étages avec la légèreté vexante d’une fugitive. Je précise que ma voisine du quatrième appartient à cette catégorie d’individus qui ne s’expriment jamais qu’en s’éloignant –…

comme de plaisants propriétaires terriens

M’ont fait rire notamment (tout décrivant des mécanismes très justes qu’enfant moi-même d’une classe très moyenne j’ai souvent ressentis) les morceaux de bravoure sur la lutte des classes en littérature, à propos desquels Éric Reinhardt dit dans un entretien : « Comme…

autoportraits mentaux aléatoires

Comme l’écriture. Exactement comme l’écriture. Je me jette aveuglément dans la phrase, je m’y jette à corps perdu sans avoir peur, je lâche mes coups avec confiance (comme on le dit des tennismen), ma gestuelle mentale est profonde, généreuse, aboutie,…

faites un exercice

Le vocabulaire scientifique console et protège le médecin. Il lui permet de continuer à mener une vie normale après avoir annoncé aux autres que la leur ne le serait plus jamais. Mais le vocabulaire scientifique peut aussi, tel un boomerang,…

la face télégénique de la violence

Un paillasson. Et moi qui avais passé une partie de ma jeunesse au Café des Ormeaux à expliquer comment combattre le Capital par la pensée, moi qui m’étais toujours enorgueillie d’être un écrivain de la révolte, un écrivain qui violait…

le mont Fuji tout proche

La question revint, et se précisa, ce qu’il fichait là, dans la ville ? Si c’était d’un japon champêtre qu’il s’était amouraché, avec ses monts brumeux et ses sentiers déserts, ses bords de mer et ses pruniers, que ne battait-il la…

d’aise, il soupira

Ce n’était pas un stylite dans son désert, ni un ermite dans sa forêt, il était à Tôkyô par un bel après-midi de juin et, soit volonté soit caprice, il hurlait ces simples mots : Rien à foutre de la réalité….

tout à fait libérée

Je m’appelle Suzanne, j’ai cinquante-deux ans. Cela fait bien trente-cinq ans que je travaille. Douze ans dans ce bureau. Et voilà qu’on me voit assise sans bouger sur un banc à huit heures du soir. Et ça fait combien de…

dans toutes les directions

J’ai commencé à m’intéresser aux cartes quand j’ai compris qu’elles n’entretenaient que des rapports très lointains avec le réel. Séchés, découpés, compressés, coloriés, annotés, les lieux y sont comme des ailes de papillons dans un album : des trophées à manipuler…

un réel prismatique

Igor devait photographier certaines choses séance tenante. La photographie répondait au fonctionnement de son système nerveux. (p. 67) Igor était d’une humeur très étrange. Depuis l’orage, tout se passait comme s’il ne percevait plus le monde qu’au travers des paillettes…

l’œuvre est amère et non triomphale

G. qui a inspiré ce livre, et qui nourrit la même ambition, m’a dit, il faut bien occuper sa vie. (p. 14) À Lausanne, dans une rue descendante et par grand soleil, une femme d’une soixantaine d’années attend gentiment, assise…

le choix des adhérents et des libraires

Le Prix du roman FNAC a été attribué aujourd’hui (mardi) à Nathacha Appanah pour Le dernier frère, paru aux Éditions de l’Olivier. Ce titre a été sélectionné parmi les quelque 300 romans français et étrangers lus durant l’été par 300…

choses légères qui consolent de la mélancolie

Ils m’amusent, les grands voyageurs, quand je les entends déblatérer sur les enchantements des pérégrinations autour du monde. Ils donnent l’impression de s’en aller jouer à saute frontières en sifflotant, la tête légère, la semelle aérienne, l’humeur badine. Tu parles…

perceptible par toute intelligence

Très peu de passerelles désormais établissent une jonction entre le post-exotisme et la littérature officielle, ce qui n’empêche pas le murmure des hétéronymes d’être audible par toute oreille : perceptible par toute intelligence. Antoine Volodine, Le post-exotisme en dix leçons, leçon…

les objets ne sont pas tristes

Ou alors, un autre jour, je marcherais dans la rue avec maman qui me tiendrait par la main, et la police française arracherait ma main et emmènerait maman qui n’aurait pas le temps de m’embrasser avant d’aller mourir dans des…

le miroir ment

Réfléchir, se réfléchir tel qu’on se voit dans son miroir intérieur, être au plus près possible d’une réalité ressentie, voilà ce qui me semble être la quête de tous ceux qui ne se ressemblent pas, de tous ceux qui pensent…

si mon ventre était plat

Récemment, au cours d’une étude menée auprès d’un groupe de femmes issues de milieux défavorisés et de groupes ethniques variés, les enquêteurs ont demandé aux participantes ce qu’elles changeraient prioritairement dans leurs existences si elles en avaient la possibilité ; elles…

pêcheuse de ligne

J’ai l’impression de commencer ce que je n’finirai pas. Entreprendrai-je ? Il faut choisir. Je fais un pas. Personne ne finit la nature, elle se prolonge elle-même. Puisque rien ne se fait. Tout me trouble. Comment font ces adultes pour savoir…

il est triste de ne pouvoir avoir à la fois affection et santé

La correspondance de Marcel Proust montre également à quel point les rapports entre Proust et sa mère sont passionnels et conflictuels, notamment durant les années 1902-1903. Dans cette lettre par exemple : Le samedi soir 6 décembre 1902 Ma petite Maman,…

nous tuons tout ce qui nous aime

Le titre de Thomas A. Ravier, ainsi que la large place faite au meurtre de la mère dans son essai, m’incite à relire « Sentiments filiaux d’un parricide », l’étrange article que Marcel Proust rédige pour Le Figaro (1er fév. 1907)…