il doit y avoir maldonne
Il doit y avoir maldonne.
L’humanité vient de faire, en quelques années, plusieurs pas décisifs sur la voie de la maîtrise technique du vivant. Ces succès ne sont pourtant pas unanimement célébrés comme autant de progrès illustrant l’intelligence et l’ingéniosité de l’être humain. Bien que les efforts des chercheurs se concentrent sur le meilleur parti à tirer de leurs résultats pour le mieux-être général, on n’entend guère que discours d’épouvante et alertes solennelles. Un tel en vient à s’interroger sur le caractère inhumain de la science ; pour tel autre, la difficulté serait même pour les hommes de lui survivre. Après avoir été idolâtrée pendant des décennies, la science se voit maintenant dénoncée comme détentrice d’un pouvoir maléfique. Et voici qu’on fait de tous côtés l’éloge de la peur comme de la seule voie vers la sagesse face à des désastres annoncés comme inévitables. Nombre de nos philosophes semblent affectés de ce qu’on pourrait appeler le « complexe de Cassandre ».
Tel est l’incipit du livre de Dominique Lecourt, Humain, post humain. La technique et la vie (PUF, 2003, 146 p.).
Je partage tout à fait l’agacement de ce philosophe des sciences devant la frilosité de notre société, et, plus grave, de nos élites intellectuelles face aux mutations qui attendent inévitablement l’humanité. Entrer à reculons (et en se voilant avec application la face) dans le futur me paraît la meilleure solution pour que celui-ci ressemble aux cauchemars annoncés. Ouvrir les yeux (encore!) sur les opportunités d’évolution qui nous seront offertes, tout en restant lucide sur leurs dérives possibles, est peut-être au contraire la meilleure manière de les faire advenir et de les rendre profitables. En outre je ne trouve pas (mais alors vraiment pas!) que la réalité actuelle soit si belle qu’il faille absolument n’y rien changer.
Je n’ai pourtant pas le profil du geek adolescent qui ne lit que de la sf : je suis une femme, parisienne, la quarantaine, de culture littéraire classique (mais qui aime aussi la sf). Cependant les progrès actuels de la science et de la technologie me fascinent, tout autant que me désole la peur et l’incompréhension qu’ils suscitent chez mes contemporains et dans mon entourage amical et professionnel.
C’est la raison d’être de ce blog d’adulte chiant (comme ils disent, les ados) : réfléchir, explorer, tâtonner, rêver, mêler ce que je sais de l’art et de la science, lire et citer, poser en non spécialiste des questions qui m’intéressent, et au passage préciser mes connaissances, souvent trop approximatives.