intuitions spinozistes
Mais, selon Damasio, Spinoza ne s’est pas contenté de contredire Descartes en affirmant que l’esprit est inséparable du corps, que tous deux sont faits de la même étoffe et sur un pied d’égalité : « Il me semble – mais peut-être me trompé-je – que, si on se fie aux propositions de la deuxième partie de L’Éthique, Spinoza a eu l’intuition du dispositif anatomique et fonctionnel global que le corps doit mettre en oeuvre pour qu’apparaisse l’esprit ou, plus précisément, avec et en lui. » (Damasio, Spinoza avait raison, p. 210)
Quelques propositions choisies :
L’esprit humain ne connaît le corps humain lui-même, et ne sait qu’il existe, qu’à travers les idées des affections dont le corps est affecté.
L’esprit humain, en effet, est l’idée même, autrement dit la connaissance du corps humain. […]
L’esprit ne se connaît lui-même qu’en tant qu’il perçoit les idées des affections du corps. […]
L’esprit humain ne perçoit de corps extérieurs comme existant en acte que par les idées des affections de son propre corps.
Spinoza, Éthique, II, propositions 19, 23 et 26
ou encore celles-ci, qui annoncent les descriptions du renforcement synaptique :
Plus il y a de choses auxquelles se rapporte une image, plus elle est fréquente, autrement dit plus souvent elle est vive, et plus elle occupe l’esprit. […]
Les images des choses se joignent plus aisément aux images qui se rapportent aux choses que nous comprenons clairement et distinctement, qu’aux autres. […]
À mesure qu’une image est jointe à un plus grand nombre d’autres images, elle se réveille plus souvent dans notre âme.
Spinoza, Éthique, V, propositions 11, 12 et 13