perpendiculairement rampante
[…] c’est cette forte analogie qui force tous les savants et les vrais juges d’avouer que ces êtres fiers et vains, plus distingués par leur orgueil que par le nom d’hommes, quelque envie qu’ils aient de s’élever, ne sont au fond que des animaux et des machines perpendiculairement rampantes. Elles ont toutes ce merveilleux instinct, dont l’éducation fait de l’esprit, et qui a toujours son siège dans le cerveau, et, à son défaut, comme lorsqu’il manque ou est ossifié, dans la moelle allongée, et jamais dans le cervelet ; car je l’ai vu considérablement blessé ; d’autres l’ont trouvé squirreux, sans que l’âme cessât de faire ses fonctions.
Être machine, sentir, penser savoir distinguer le bien du mal comme le bleu du jaune, en un mot, être né avec de l’intelligence et un instinct sûr de morale, et n’être qu’un animal, sont donc des choses qui ne sont pas plus contradictoires, qu’être un singe ou un perroquet et savoir se donner du plaisir. […] Je crois la pensée si peu incompatible avec la matière organisée, qu’elle semble en être une propriété, telle que l’électricité, la faculté motrice, l’impénétrabilité, l’étendue, etc.
écrit dans L’Homme-Machine (1747) le philosophe matérialiste Julien Offray de La Mettrie.
Ce texte est consultable en ligne, ainsi que quelques autres, sur le site de Christophe Paillard ou, dans sa version non modernisée, dans la riche Bibliotheca Augustana.