plus vaste que le ciel. 2
Le neurobiologiste Gérald M. Edelman a choisi cette citation d’Emily Dickinson pour titre de son ouvrage Plus vaste que le ciel. Un nouvelle théorie générale du cerveau (Odile Jacob, 2004, traduction de Wider than the sky. The Phenomenal Gift of consciousness, 2004). Il est aussi l’auteur notamment de Biologie de la concience (Odile Jacob, 1992) et Comment la matière devient conscience (Odile Jacob, 2000, traduction française de A Universe of Consciousness. How matter becomes imagination, 2000).
Le cerveau, écrit-il, est vaste par ses dimensions : s’il ne pèse qu’un kilo environ, il comporte dans sa partie superficielle, le cortex (un réseau extrêmement dense de neurones), de nombreux plis (tout comme l’univers que d’aucuns disent chiffonné) :
Si on dépliait le cortex cérébral (en faisant disparaître les gyrus, ses bosses, et les sulcus, ses fissures), il aurait la taille et l’épaisseur d’une grande nappe. Il contient au moins trente milliards de neurones, ou cellules, et un million de milliards de connexions, ou synapses. Si vous commenciez maintenant à compter ces synapses à raison d’une par seconde, vous n’en finiriez que dans trente-deux millions d’années. (Edelman, p. 30-31)
Mais le cerveau est vaste surtout par l’extrême complexité de son fonctionnement :
le processus de la conscience est une manifestation dynamique de l’activité de populations de neurones réparties dans de nombreuses aires différentes du cerveau (Edelman, p. 21-22)
Le cortex d’un individu conscient est animé d’une myriade d’étincelles. En effet, la communication neuronale résulte de la combinaison d’événements électriques (potentiels d’actions) et chimiques (libération de neurotransmetteurs de d’hormones). La perception ou le mouvement le plus élémentaire réveille des circuits neuronaux dans plusieurs zones du cortex. L’ensemble ne peut fonctionner que grâce à plusieurs structures anatomiques situées à l’intérieur ou sous le cortex (le thalamus, l’hypothalamus, l’hippocampe, les ganglions de la base, le cervelet, l’amygdale, etc.), mais aucune de ces structures n’occupe un rôle central et encore moins centralisateur.
Il y a par conséquent dans le cerveau humain de nombreux systèmes qui font des choses différentes, mais s’informent en permanence les uns les autres de ce qu’ils sont en train de faire (en d’autres termes, un grand nombre de spécifications fonctionnelles complétées par un grand nombre de liaisons fonctionnelles). La conscience n’est donc pas un objet, mais un ensemble de processus intégrés :
Le cerveau humain est l’objet matériel le plus compliqué qu’on connaisse dans l’univers. (Edelman, p. 29)