à quoi pensent les calamars ?
Même si, comme le souligne mon lecteur lacanien, on ne sait toujours pas ce qu’est la conscience, même si une majorité d’humains considère encore que la conscience et l’esprit ne sauraient être des objets d’études scientifiques, les scientifiques qui se penchent sur le cerveau humain pour tenter d’expliquer et de comprendre son fonctionnement sont aujourd’hui très nombreux.
Pourtant, en dépit de quelques titres chocs (La conscience expliquée de Daniel Dennett, 1991 ou Comment fonctionne l’esprit ? de Steven Pinker, 1999), la conscience est un phénomène que chacun ressent mais qu’il est encore bien difficile d’observer : il est difficile d’aborder la conscience avec des méthodes expérimentales, l’introspection ne présente pas les garanties d’objectivité suffisantes, l’imagerie est encore superficielle et l’examen clinique de la conscience au travail n’est pas envisageable.
Alors, certes, les progrès des neurologues, neurobiologistes et autres semblent parfois trop lents et leurs hypothèses trop prudentes, certes il est souvent agaçant de devoir se passionner pour les synapses des aplysies et des calamars (le titre de ce post est le sous-titre d’un livre d’Alain Prochiantz, L’anatomie de la pensée : à quoi pensent les calamars ?), les descriptions circonstanciées des résultats de lésions diverses et variées, les expériences redondantes avec imagerie irm et tep ; certes ces spécialistes me paraissent fréquemment confinés voire englués dans leur spécialité, certes je suis souvent frustrée par leur absence de perspectives, j’ai parfois envie de leur conseiller de lire un peu de science fiction ou de philosophie.
Pourtant il y a beaucoup d’éléments de compréhension – de soi, des autres, de la réalité – à glaner à leur lecture. Et il se pourrait que dans quelques années soit devenue caduque la séduisante remarque d’Emerson Pugh (en 1977) :
Si le cerveau humain était assez simple pour que nous puissions le comprendre, nous serions si simples d’esprit que nous ne pourrions pas le comprendre.