une autre technique

quintreau_marge_brute.gif… consiste à lire les livres : 457 romans français pour cette rentrée ! Parmi eux 97 premiers romans, dont, rituellement, j’essaie d’ajouter chaque année les auteurs (débutants d’un bal plus ou moins brillant) dans l’index de labyrinthe, en espérant qu’ils auront l’opportunité de publier un deuxième roman.

Le premier « premier roman » lu cette année – Marge brute de Laurent Quintreau (Denoël, 2006) – m’a séduite. Il donne à lire les monologues intérieurs très habilement juxtaposés de 11 cadres d’une multinationale réunis entre 11h et 13h pour parler marge brute, dégraissages et licenciements. Tragiquement drôles, ces points de vue très contrastés offrent un concentré des jeux de rôles destructeurs produits par le monde du travail et les positions hiérarchiques.

Le récit, très construit, est placé sous le signe de La Divine Comédie de Dante et découpé en 11 chapitres : les neuf cercles de l’Enfer (les monologues intérieurs de neuf des participants), le Purgatoire (celui d’un jeune employé, encore plein d’illusions), et le Paradis (monologue du petit dernier qui sera viré à la fin de sa période d’essai, que tous prennent pour un doux dingue, et qui, bien sûr, se nomme Alighieri).

Laurent Quintreau (nous dit la notice de son éditeur, qui propose également en ligne un long extrait, le début du premier chapitre) « est l’un des membres fondateurs de la Revue Perpendiculaire, qui anima la scène littéraire de la fin des années 90. Chroniqueur pour différentes revues, auteur de théâtre, il est aujourd’hui salarié d’une grande entreprise de communication et syndicaliste. »

D’ailleurs son syndicat signale le roman et lui-même déclare : « Je suis cadre et syndiqué » dans le Journal du Mangement.