larmes existentielles
Vu également il y a quelques jours, in extremis avant qu’il ne soit désinstallé le 31 décembre, le Léviathan Thot qu’Ernesto Neto (né à Rio en 1964) a crée pour le Panthéon. Cette oeuvre est un exemple très réussi de la manière dont la cohabitation des contraires peut admirablement fonctionner et émouvoir : les formes féminines, organiques, vivantes de cette sculpture sont confrontées à l’architecture masculine et minérale du lieu ; nature et culture (dans ce temple du rationalisme qu’est le Panthéon), gravité et légèreté (les poids et contrepoids de la société-Léviathan), immobilité et mouvement s’opposent et se mêlent ; en plus, tous les enfants ont envie (et le droit) de toucher, et ça sent la lavande…
Dans le commentaire video très brillant (et drôle) qu’Ernesto Neto fait de son oeuvre, il explique avoir voulu notamment redonner son sens premier à l’architecture religieuse en croix en y inscrivant une forme humaine (corps dans la nef / tête dans le choeur / bras dans les transepts / esprit sous la coupole) et introduire dans ce temple de la raison des larmes humaines qui ne soient pas des larmes de tristesse mais des « larmes existentielles ».
Pour compléter, lire en ligne :
la présentation de cette oeuvre
« Clair et Neto », par Henri-François Debailleux dans Libération
et le commentaire de Lunettes rouges