où sont passées mes pantoufles ?
Esprit de sérieux
Le néogâteux gélatineux veut de la vertu, de la loi morale. des impératifs catégoriques, exige de l’esprit-de-sérieux, de la discipline, des tabous, des interdits, aspire à des pères, des repères, du bien, du mal, du sens univoque, des échelles de valeurs, des guerres saintes, des prières, des voitures de pompiers, des policiers partout, raffole des curés en soutanes, des nonnettes, de la sécurité pour tous, des écoles qui ânonnent, des maîtres en blouses grises, des dames-pipi, des académiciens qui plastronnent, des perroquets rouges, etc.
Le voilà donc ce discours mielleux du néogâtisme gélatineux, sirupeux, imbibé de moraline, proféré par les figures d’éponges professorales se prenant pour des prophètes de malheur. Recherche désespérée de la sagesse du style où sont passées mes pantoufles.
– Mais oui où sont-elles passées, bon sang ?
Discours d’âme morte pérorant du haut de la chaire, croyant dominer le monde avec ses clichés de grand-messe et son esprit de curé-rastaquouère. Et s’il y a une once de folie en lui ce n’est que la folie de la soupe phynancière, l’obsession du profit, l’acharnement du classement, de la hiérarchie indiciaire, la fièvre de l’irresponsabilité généralisée.
Daniel Accursi, Le néogâtisme gélatineux (Gallimard, L’Infini, 2007, p. 16-17)
Né en 1947, Daniel Accursi est enseignant et « chercheur en Pataphysique ». Il vit à Paris.
Pour que le Ha Ha explose la Gidouille, relisons aussi Alfred Jarry, mort il y a 100 ans déjà.