n’ayant pas d’alternative
L’exposition consacrée à Samuel Beckett par Nathalie Léger et Marianne Alphant à Beaubourg n’avait pas plu du tout à Philippe De Jonckheere ! J’y suis allée tout de même car, depuis que j’ai moi même participé à la conception d’une exposition sur un de mes écrivains préférés, je suis pleine d’indulgence envers tout ceux qui se trouvent face à cette impossible et si frustrante tâche. Et, en ce qui me concerne, j’ai trouvé mon miel (et l’envie de lire ou relire certains textes) dans cette exposition, dont j’ai toutefois regretté qu’elle fasse une trop grande part au seul côté obscur de Beckett. Mais j’y ai découvert par exemple les oeuvres de Jean-Michel Alberola, qui justement soulignent l’immense humour de l’écrivain.
Cet humour tragique est aussi mis en évidence avec beaucoup d’intelligence par les écrivains et philosophes qui s’interrogent, devant des nuages qui passent, sur l’obsession du temps qu’il fait, du ciel, de la météo et des parapluies chez Beckett dans « How far is the sky ? », un film réalisé par Pascale Bouhénic pour cette exposition : Pierre Zaoui parle à merveille du gris comme concept philosophique et des précautions inutiles que sont les omniprésents parapluies ; et Jean Echenoz rappelle que la première phrase du premier roman est une « réécriture drôle, intrigante et tragique » du célèbre verset de L’Ecclésiaste, « Rien de nouveau sous le soleil » :
Le soleil brillait, n’ayant pas d’alternative, sur le rien de neuf.
The sun shone, having no alternative, on the nothing new.
Murphy (1938) (Minuit, 1954, p. 7)