balafre légère tracée dans le temps

De tels traits (ce mot convient au haïku, sorte de balafre légère tracée dans le temps) installent ce qu’on a pu appeler « la vision sans commentaire ». (…) ce qui est aboli, ce n’est pas le sens, c’est toute idée…

saison mentale

Cet automne-ci pourquoi donc dois-je vieillir ? oiseau dans les nuages. kono aki wa nande toshiyoru kumo ni tori Bashô Matsuo (1644–1694) Cent onze haïku de Bashô (Verdier, 2002, Traduction de Joan Titus-Carmel) de Bashô, j’aime aussi beaucoup celui-ci :…

dont nous avons oublié que nous sommes les auteurs

Que peut-on connaître du monde ? De notre naissance à notre mort, quelle quantité d’espace notre regard peut-il espérer balayer ? Combien de centimètres carrés de la planète Terre nos semelles auront-elles touché ? Parcourir le monde, le sillonner en tous sens, ce…

alternative nostalgique (et fausse)

Alternative nostalgique (et fausse) : Ou bien s’enraciner, retrouver, ou façonner ses racines, arracher à l’espace le lieu qui sera vôtre, bâtir, planter, s’approprier, millimètre par millimètre, son « chez-soi » : être tout entier dans son village, se savoir cévenol, se…

cette question de déménagement

XLI. Le port Un port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie. L’ampleur du ciel, l’architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, le scintillement des phares, sont un prisme merveilleusement propre…

une belle et noble chimère

Me voici enfin parvenu au terme jusqu’auquel je m’étais proposé de conduire ces Mémoires. Il n’y en peut avoir de bons que de parfaitement vrais, ni de vrais qu’écrits par qui a vu et manié lui-même les choses qu’il écrit,…

mes espaces sont fragiles

l’espace (suite et fin) J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources Mon pays natal, le berceau de ma famille, la maison…

l’écriture me protège

De l’autre côté de la rue, trois pigeons sont longtemps restés, immobiles, sur le rebord du toit. Au-dessus d’eux, vers la droite, une cheminée fume ; des moineaux frileux se perchent sur le sommet des conduits. Il y a du bruit…

transvertébration

En contrepoint à la lanterne magique de Bergman (qui avait aussi des problèmes avec sa maman), celle de Marcel Proust : À Combray, tous les jours dès la fin de l’après-midi, longtemps avant le moment où il faudrait me mettre au…

élargir le champ de la conscience

Mon hérisson naïf et globuleux devient fauve dans leur reflet. Écris autre chose, me l’a-t-on assez dit, ce conseil d’ami, quelque chose de simple qui se lise bien, avec un début et une fin. Écris un roman policier, me l’a-t-on…

se défendre sans combattre

Le Renard sait beaucoup de choses, le Hérisson n’en sait qu’une grande, disoient proverbialement les Anciens. Il sait se défendre sans combattre, et blesser sans attaquer : n’ayant que peu de force et nulle agilité pour fuir, il a reçû de…

et nous déguisons à nous-mêmes

Au risque de déprimer certains et d’en énerver d’autres, encore quelques citations reprises du Laudator Temporis Acti de Lucien Jerphagnon, qui m’a donné envie de lire les Pensées du début à la fin, et pas en grappillant, avec par exemple :…

si on ne s’évite pas

À plusieurs, on souffre autant, mais on le supporte moins mal, et c’est toujours autant de pris. Ainsi, l’intérêt du présent recueil de désespérances pourrait être – je dis bien pourrait être – que mon lecteur tombât, comme cela, sur…

participer au grand handicap

Aujourd’hui, chacun est contraint, sous peine d’être condamné par contumace pour lèse-respectabilité, d’exercer une profession lucrative, et d’y faire preuve d’un zèle proche de l’enthousiasme. La partie adverse se contente de vivre modestement, et préfère profiter du temps ainsi gagné…