le mème du mème se répand

Et c’est une bonne nouvelle pour tout ceux que la mémétique intéresse.

Sans doute internet et la blogosphère ont-ils largement contribué à propager le virus, car jusqu’ici on ne trouvait à lire en français sur le sujet que les deux volumes décapants du new-yorkais Howard Bloom, Le Principe de Lucifer (1) (1995) et Le Cerveau global (Le Principe de Lucifer, 2) (2000) (traduction française Le Jardin des livres, 2001 et 2003).
Sont parus récemment deux ouvrages, l’un français, Comment les systèmes pondent. Une introduction à la mémétique, de Pascal Jouxtel (Le Pommier, 2005) et l’autre traduit de l’anglais (avec 7 ans de retard!), La Théorie des mèmes de Susan Blackmore (traduction de The Meme Machine, 1999, Max Milo, 2006).

Qu’est-ce que la mémétique ? La science des mèmes.
Ce terme très évocateur a été forgé par l’anglais Richard Dawkins dans Le Gène égoïste (1976). Le biologiste néo-darwinien part du principe que ce ne sont pas les êtres vivants qui cherchent à transmettre leurs gènes, mais les gènes qui ont besoin des vivants pour se reproduire… et leur survivre. Prolongeant cette idée, il suppose que les gènes ont un équivalent culturel, puisque les idées et les comportements se répliquent et se propagent aussi par mimétisme. Les mèmes («meme», sans accent en anglais, est la contraction de «mime» et de «gene» et renvoie au mot français «même») sont à la culture ce que les gènes sont à la nature.
Aussi égoïstes que les gènes, les idées, les règles, les comportements et les concepts entrent en nous à notre corps défendant pour se diffuser et se reproduire. Ce n’est pas nous qui choisissons nos idées, mais nos idées qui nous choisissent. Réplicateurs, véhicules de l’évolution culturelle, les mèmes sont donc en quelque sorte des virus ou des parasites de l’esprit : « Dans le monde des mèmes, nous ne sommes plus les habitants, mais les maisons. » (Jouxtel, p. 311).

La réplication plus ou moins fidèle d’un mème d’un cerveau à un autre engendre des variantes, ou des recombinaisons de plusieurs mèmes, qui à leur tour tenteront leur chance au grand match de l’évolution. Certaines variantes confèrent à leurs porteurs des avantages concurrentiels, augmentant de ce fait leurs chances de survie (véhiculer les mèmes dominants ou novateurs d’une société assure la réussite). En fonction de la valeur de survie qu’ils représentent pour les organismes qui les abritent, les mèmes réussissent plus ou moins, prolifèrent ou disparaissent.
La télévision, puis internet et davantage encore la blogosphère ont été ces dernières années d’immenses boîtes de Pétri pour la culture et la diffusion des mèmes, en permettant leur circulation à l’échelle de la terre entière en un temps record, et ce d’autant plus que les pratiques du lien ou du copier/coller permettent plus grande fidélité dans la réplication.

Pour en savoir plus :
Société Francophone de Mémétique, fondée en 2001
Susan Blackmore (en anglais)
Howard Bloom (en anglais)
Journal of Memetics (en anglais)

Pascal Jouxtel : Comment les systèmes pondent
Charles Mougel : Regard de méméticien
Jean-Pierre Crespin : Memetics-Story
Bureau des Contagions (Pascal Jouxtel)