le fil de notre labyrinthe

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Le journal intime n’est prolixe que sur les choses un peu impersonnelles, et n’est pas exact ni complet dans les sujets intimes, du moins un journal masculin. Des pages non destinées à la flamme en deviennent discrètes. Et d’ailleurs une sorte de gêne et de pudeur particulière empêche un homme de parler avec grâce ou même de parler de ses émotions les plus cachées. Nous agissons à l’inverse du romancier, qui développe, agrandit, met en relief les sentiments mystérieux de ses personnages ; nous voulons plutôt dépister la curiosité possible du prochain tout en conservant le fil de notre labyrinthe.

Henri-Frédéric Amiel, Journal, 16 juin 1866

On peut consulter en ligne un site sur Henri-Frédéric Amiel, qui comporte une page « Amiel et le blog », et qui a annonce l’ambitieux projet de numériser et de mettre en ligne l’exemplaire et volumineux Journal d’Amiel ; dans la page « Ce qu’ils en pensent », est intéressant notamment ce qu’écrit Philippe Lejeune :
« (…) la numérisation pourrait remédier aux insuffisances de l’édition actuelle : on pourrait réintégrer les journaux de vacances qu’Amiel avait maintenus à l’écart, et qui font des trous horribles dans la trame de son journal… (…)
Mon enthousiasme montant encore, je vois à l’horizon une oeuvre virtuelle gigantesque dont jamais Amiel n’aurait pu rêver, un labyrinthe, à laquelle son écriture fragmentaire et simultanément multiple se prête merveilleusement, un hyper-Amiel total !…
Dans tous les cas, il ne s’agit pas de simplement numériser l’édition en douze volumes, ça manquerait vraiment d’imagination, mais d’en faire le socle d’une construction beaucoup plus ambitieuse et qui serait, tout en restant absolument fidèle à Amiel, une création totalement originale, sans équivalent. (…) »