falsification efficace

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Le deuxième roman d’Antoine Bello, Les falsificateurs, décrit la réalité mondiale comme le terrain de jeu d’une organisation secrète internationale, le CFR (Consortium de falsification du réel) qui recrute de jeunes génies du mensonge, eux-mêmes en proie au doute et ignorants des buts de l’entreprise : c’est à la fois un thriller efficace, un roman d’initiation, une réflexion sur ce qu’est une fiction et une parabole sur l’histoire / Histoire, vouée à être réécrite, falsifiée. Petit extrait des cours d’efficacité dans la falsification donnés à l’académie du CFR :

On croit plus facilement à une histoire que l’on aime. Ceci dit, attention, tout le monde n’a pas les mêmes goûts. Certains aimeront une histoire parce qu’elle les fait rire, d’autres au contraire parce qu’elle les fait pleurer. Certains parce qu’elle les fait réfléchir, d’autres au contraire parce qu’elle leur fait oublier leurs soucis. Par conséquent, la façon dont vous racontez une histoire doit impérativement dépendre du public à qui vous la destinez. Si, comme c’est le plus souvent le cas, vous vous adressez à plusieurs publics distincts, racontez-leur la même histoire, mais de façon différente. Et surtout, raccrochez-vous aussi souvent que possible à des canevas narratifs universels : le challenger qui défie les champions et l’emporte à la surprise générale, l’homme sans passé qui revient venger les siens, la jeune femme qui rompt avec un milliardaire pour épouser l’ami d’enfance qui l’aimait en secret, etc.

Antoine Bello, Les falsificateurs (Gallimard, 2007, p. 142-143)

Antoine Bello est né le 25 mars 1970 à Boston.
Il vit à New York, dirige le groupe Ubiqus et a crée rankopedia.
Il a publié auparavant :
Les Funambules, nouvelles (Gallimard, 1998)
Éloge de la pièce manquante (Gallimard, Série noire, 2000)

on peut lire en ligne :
– un entretien avec Sabrina Champenois, « C’est lui tout caché » (Libération, 12 février 2007)
– un entretien avec Bernard Strainchamps (Bibliosurf)
– un article d’Isabelle Rüf, « Quand les mots changent les choses » (Le Temps, 3 février 2007)