de grands livres de plomb
Pour moi, chaque livre recèle en lui comme une onde qui se soulève, qui forme une vague que je donne à voir lorsque j’en déploie les pages ou que je les mets en scène comme une suite infinie : le livre fait partie de la mer…
« Les bourreaux ont-ils gagné ? », entretien d’Anselm Kiefer avec Pascal Amel (Art Absolument, 2007, p. 10)
Parmi les œuvres d’Anselm Kiefer, me touchent particulièrement celles – nombreuses – qui contiennent des livres : de grands livres de plomb abandonnés parmi les gravats, ou serrés sur des étagères au milieu des éclats de verre, comme dans « Chute d’étoiles (Sternenfall) », celle des « maisons » qui donne son nom à la belle exposition qu’héberge actuellement la nef du Grand Palais dans le cadre de Monumenta. Ces livres trop grands, aux pages parfois réellement écrites mais scellées, ne peuvent être lus ; mais sont aussi présentes – sur les murs ou dans les tableaux – de nombreuses citations de livres lus : ici Paul Celan, Ingeborg Bachmann, Céline, etc.
On peut voir ici des oeuvres d’Anselm Kiefer en ligne, et surtout (elle n’est pas en ligne) lire la belle monographie de Daniel Arasse, aux Éditions du Regard.