une fois coupé que le fil
Pour ceux qui n’y étaient pas (et que donc je n’ai pas ratés!) ou pour prolonger encore un peu la Nuit remue 2, deux items de Continuez dont Jérôme Gontier a lu d’autres passages :
11. – Le fait têtu étant que ma parole avait du mal à être continue vu que le temps durant lequel celle-ci se dévidait ou se nouait ou se dépliait ou s’enroulait en des circonvolutions pas possibles, inimaginables même, m’était compté et qu’en son terme un au revoir allait signer la fin de tout craignais-je, alors qu’en vérité c’était seulement une fois coupé que le fil se mettait à trembler faisant chanter l’air donc et moi dedans, alors seulement que le temps travaillait la parole et qui le travaillait, le remplissant à la manière d’une parenthèse à moins que ce ne fût l’inverse mais je n’étais pas sûr – et je n’aimais pas ça.
(…)
82. Vous avez égaré votre Point de vue ? au moins ce silence médité, têtu et su tel des deux côtés de nous participant en somme d’un jeu eût-il donné crédit même si muet à l’effort par moi consenti pour revêtir les signaux d’une certaine gravité tandis que sinon, dans cet autre cas qui est le plus probable : à savoir qu’il n’a rien remarqué des efforts que j’avais consentis, tout simplement, il me fallait admettre alors que je l’indifférais d’une certaine façon, ce qui était quand même une perspective dure à avaler si ça peut se dire mais aujourd’hui tout cela m’indiffère moi aussi assez voire complètement et aurait même tendance, je dois dire à m’amuser ce qui est un autre signe indubitable je trouve que des choses quelque part bougent et pas seulement le temps et je suis satisfait aussi de ça, depuis le temps et c’est normal je trouve : peut-être est-ce que je m’éloigne de moi ou que je m’en approche ?
Jérôme Gontier est né en 1970.
Continuez paraîtra chez Léo Scheer, dans la collection Laureli, en septembre prochain
C’est son deuxième livre, après (ergo sum) (Al Dante, 2002)
Et, en attendant septembre, on peut lire quatre extraits de Continuez dans remue.net : 1, 2, 3 et 4.