autoportraits mentaux aléatoires

Comme l’écriture. Exactement comme l’écriture. Je me jette aveuglément dans la phrase, je m’y jette à corps perdu sans avoir peur, je lâche mes coups avec confiance (comme on le dit des tennismen), ma gestuelle mentale est profonde, généreuse, aboutie,…

faites un exercice

Le vocabulaire scientifique console et protège le médecin. Il lui permet de continuer à mener une vie normale après avoir annoncé aux autres que la leur ne le serait plus jamais. Mais le vocabulaire scientifique peut aussi, tel un boomerang,…

la face télégénique de la violence

Un paillasson. Et moi qui avais passé une partie de ma jeunesse au Café des Ormeaux à expliquer comment combattre le Capital par la pensée, moi qui m’étais toujours enorgueillie d’être un écrivain de la révolte, un écrivain qui violait…

dont nous avons oublié que nous sommes les auteurs

Que peut-on connaître du monde ? De notre naissance à notre mort, quelle quantité d’espace notre regard peut-il espérer balayer ? Combien de centimètres carrés de la planète Terre nos semelles auront-elles touché ? Parcourir le monde, le sillonner en tous sens, ce…

alternative nostalgique (et fausse)

Alternative nostalgique (et fausse) : Ou bien s’enraciner, retrouver, ou façonner ses racines, arracher à l’espace le lieu qui sera vôtre, bâtir, planter, s’approprier, millimètre par millimètre, son « chez-soi » : être tout entier dans son village, se savoir cévenol, se…

cette question de déménagement

XLI. Le port Un port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie. L’ampleur du ciel, l’architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, le scintillement des phares, sont un prisme merveilleusement propre…

le mont Fuji tout proche

La question revint, et se précisa, ce qu’il fichait là, dans la ville ? Si c’était d’un japon champêtre qu’il s’était amouraché, avec ses monts brumeux et ses sentiers déserts, ses bords de mer et ses pruniers, que ne battait-il la…

d’aise, il soupira

Ce n’était pas un stylite dans son désert, ni un ermite dans sa forêt, il était à Tôkyô par un bel après-midi de juin et, soit volonté soit caprice, il hurlait ces simples mots : Rien à foutre de la réalité….

tout à fait libérée

Je m’appelle Suzanne, j’ai cinquante-deux ans. Cela fait bien trente-cinq ans que je travaille. Douze ans dans ce bureau. Et voilà qu’on me voit assise sans bouger sur un banc à huit heures du soir. Et ça fait combien de…

même des contrées à venir

Écrire n’a rien à voir avec signifier, mais avec arpenter, cartographier, même des contrées à venir. Si la carte s’oppose au calque, c’est qu’elle est tout entière tournée vers une expérimentation en prise sur le réel. La carte ne reproduit…

dans toutes les directions

J’ai commencé à m’intéresser aux cartes quand j’ai compris qu’elles n’entretenaient que des rapports très lointains avec le réel. Séchés, découpés, compressés, coloriés, annotés, les lieux y sont comme des ailes de papillons dans un album : des trophées à manipuler…

un réel prismatique

Igor devait photographier certaines choses séance tenante. La photographie répondait au fonctionnement de son système nerveux. (p. 67) Igor était d’une humeur très étrange. Depuis l’orage, tout se passait comme s’il ne percevait plus le monde qu’au travers des paillettes…

une belle et noble chimère

Me voici enfin parvenu au terme jusqu’auquel je m’étais proposé de conduire ces Mémoires. Il n’y en peut avoir de bons que de parfaitement vrais, ni de vrais qu’écrits par qui a vu et manié lui-même les choses qu’il écrit,…

l’œuvre est amère et non triomphale

G. qui a inspiré ce livre, et qui nourrit la même ambition, m’a dit, il faut bien occuper sa vie. (p. 14) À Lausanne, dans une rue descendante et par grand soleil, une femme d’une soixantaine d’années attend gentiment, assise…

le choix des adhérents et des libraires

Le Prix du roman FNAC a été attribué aujourd’hui (mardi) à Nathacha Appanah pour Le dernier frère, paru aux Éditions de l’Olivier. Ce titre a été sélectionné parmi les quelque 300 romans français et étrangers lus durant l’été par 300…

choses légères qui consolent de la mélancolie

Ils m’amusent, les grands voyageurs, quand je les entends déblatérer sur les enchantements des pérégrinations autour du monde. Ils donnent l’impression de s’en aller jouer à saute frontières en sifflotant, la tête légère, la semelle aérienne, l’humeur badine. Tu parles…

perceptible par toute intelligence

Très peu de passerelles désormais établissent une jonction entre le post-exotisme et la littérature officielle, ce qui n’empêche pas le murmure des hétéronymes d’être audible par toute oreille : perceptible par toute intelligence. Antoine Volodine, Le post-exotisme en dix leçons, leçon…

les objets ne sont pas tristes

Ou alors, un autre jour, je marcherais dans la rue avec maman qui me tiendrait par la main, et la police française arracherait ma main et emmènerait maman qui n’aurait pas le temps de m’embrasser avant d’aller mourir dans des…

le miroir ment

Réfléchir, se réfléchir tel qu’on se voit dans son miroir intérieur, être au plus près possible d’une réalité ressentie, voilà ce qui me semble être la quête de tous ceux qui ne se ressemblent pas, de tous ceux qui pensent…