une belle et noble chimère

Me voici enfin parvenu au terme jusqu’auquel je m’étais proposé de conduire ces Mémoires. Il n’y en peut avoir de bons que de parfaitement vrais, ni de vrais qu’écrits par qui a vu et manié lui-même les choses qu’il écrit,…

l’œuvre est amère et non triomphale

G. qui a inspiré ce livre, et qui nourrit la même ambition, m’a dit, il faut bien occuper sa vie. (p. 14) À Lausanne, dans une rue descendante et par grand soleil, une femme d’une soixantaine d’années attend gentiment, assise…

le choix des adhérents et des libraires

Le Prix du roman FNAC a été attribué aujourd’hui (mardi) à Nathacha Appanah pour Le dernier frère, paru aux Éditions de l’Olivier. Ce titre a été sélectionné parmi les quelque 300 romans français et étrangers lus durant l’été par 300…

choses légères qui consolent de la mélancolie

Ils m’amusent, les grands voyageurs, quand je les entends déblatérer sur les enchantements des pérégrinations autour du monde. Ils donnent l’impression de s’en aller jouer à saute frontières en sifflotant, la tête légère, la semelle aérienne, l’humeur badine. Tu parles…

perceptible par toute intelligence

Très peu de passerelles désormais établissent une jonction entre le post-exotisme et la littérature officielle, ce qui n’empêche pas le murmure des hétéronymes d’être audible par toute oreille : perceptible par toute intelligence. Antoine Volodine, Le post-exotisme en dix leçons, leçon…

les objets ne sont pas tristes

Ou alors, un autre jour, je marcherais dans la rue avec maman qui me tiendrait par la main, et la police française arracherait ma main et emmènerait maman qui n’aurait pas le temps de m’embrasser avant d’aller mourir dans des…

le miroir ment

Réfléchir, se réfléchir tel qu’on se voit dans son miroir intérieur, être au plus près possible d’une réalité ressentie, voilà ce qui me semble être la quête de tous ceux qui ne se ressemblent pas, de tous ceux qui pensent…

mes espaces sont fragiles

l’espace (suite et fin) J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources Mon pays natal, le berceau de ma famille, la maison…

l’écriture me protège

De l’autre côté de la rue, trois pigeons sont longtemps restés, immobiles, sur le rebord du toit. Au-dessus d’eux, vers la droite, une cheminée fume ; des moineaux frileux se perchent sur le sommet des conduits. Il y a du bruit…

si mon ventre était plat

Récemment, au cours d’une étude menée auprès d’un groupe de femmes issues de milieux défavorisés et de groupes ethniques variés, les enquêteurs ont demandé aux participantes ce qu’elles changeraient prioritairement dans leurs existences si elles en avaient la possibilité ; elles…

pêcheuse de ligne

J’ai l’impression de commencer ce que je n’finirai pas. Entreprendrai-je ? Il faut choisir. Je fais un pas. Personne ne finit la nature, elle se prolonge elle-même. Puisque rien ne se fait. Tout me trouble. Comment font ces adultes pour savoir…

transvertébration

En contrepoint à la lanterne magique de Bergman (qui avait aussi des problèmes avec sa maman), celle de Marcel Proust : À Combray, tous les jours dès la fin de l’après-midi, longtemps avant le moment où il faudrait me mettre au…

il est triste de ne pouvoir avoir à la fois affection et santé

La correspondance de Marcel Proust montre également à quel point les rapports entre Proust et sa mère sont passionnels et conflictuels, notamment durant les années 1902-1903. Dans cette lettre par exemple : Le samedi soir 6 décembre 1902 Ma petite Maman,…

nous tuons tout ce qui nous aime

Le titre de Thomas A. Ravier, ainsi que la large place faite au meurtre de la mère dans son essai, m’incite à relire « Sentiments filiaux d’un parricide », l’étrange article que Marcel Proust rédige pour Le Figaro (1er fév. 1907)…

se dispenser d’apparaître

Le plus émouvant, ou pathétique, je ne sais pas, ce sont, en y réfléchissant, ces faux lecteurs de Proust depuis longtemps vrais personnages de son œuvre. Ils n’en ont aucune idée, bien entendu. Je déjeunais hier encore avec l’un d’eux…

de nuit sur ma ligne de jour

Mardi – On peut se laisser entraîner par la ligne de fuite, le bord extérieur du rail converti par les pointillés, la chaussée, longer le trottoir, bifurquer, sauter à pieds joints dans les stries, disparaître. Mais l’œil se lasse et…

élargir le champ de la conscience

Mon hérisson naïf et globuleux devient fauve dans leur reflet. Écris autre chose, me l’a-t-on assez dit, ce conseil d’ami, quelque chose de simple qui se lise bien, avec un début et une fin. Écris un roman policier, me l’a-t-on…

se défendre sans combattre

Le Renard sait beaucoup de choses, le Hérisson n’en sait qu’une grande, disoient proverbialement les Anciens. Il sait se défendre sans combattre, et blesser sans attaquer : n’ayant que peu de force et nulle agilité pour fuir, il a reçû de…

les piquants du hérisson

J’ai lu tant de livres… Pourtant, comme tous les autodidactes, je ne suis jamais sûre de ce que j’en ai compris. Il me semble un jour embrasser d’un seul regard la totalité du savoir, comme si d’invisibles ramifications naissaient soudain…

chaque centimètre carré

Une image n’est essentielle que si chaque centimètre carré de l’image est essentiel. Michelangelo Antonioni, « Il est plus facile d’inventer », entretien avec André S. Labarthe, Cahiers du cinéma, 112, octobre 1960. Repris dans Écrits (1991) (Images modernes, 2003, p….