j’aime pas les autres

C’est des gens bizarres, les autres. Vous pensez qu’ils sont comme vous. Et pas du tout. Ils sont comme les autres. J’aime pas les autres. (p. 11) Pour moi, c’est une véritable révélation : il est plus intéressant et plus gratifiant…

balafre légère tracée dans le temps

De tels traits (ce mot convient au haïku, sorte de balafre légère tracée dans le temps) installent ce qu’on a pu appeler « la vision sans commentaire ». (…) ce qui est aboli, ce n’est pas le sens, c’est toute idée…

saison mentale

Cet automne-ci pourquoi donc dois-je vieillir ? oiseau dans les nuages. kono aki wa nande toshiyoru kumo ni tori Bashô Matsuo (1644–1694) Cent onze haïku de Bashô (Verdier, 2002, Traduction de Joan Titus-Carmel) de Bashô, j’aime aussi beaucoup celui-ci :…

respectez les consignes

Nous savons maintenant la presse et la télévision commençaient à marteler le monde devient chaque jour de moins en moins sûr soyez attentifs, limitez vos déplacements, respectez les consignes, ne vous laissez pas aller, nous ne pouvons compter que sur…

compatible avec l’enfance

Déporté sur la gauche de l’esplanade (en son milieu dans le sens de la longueur), se trouve un élément fondamental de son décor : la bouche de métro qu’a conçue l’artiste français Jean-Michel Othoniel. Jean-Michel Othoniel est un artiste de réputation…

la légèreté vexante d’une fugitive

(…) elle n’en demeure pas moins comme d’habitude insaisissable et mouvementée, disparaissant dans les étages avec la légèreté vexante d’une fugitive. Je précise que ma voisine du quatrième appartient à cette catégorie d’individus qui ne s’expriment jamais qu’en s’éloignant –…

comme de plaisants propriétaires terriens

M’ont fait rire notamment (tout décrivant des mécanismes très justes qu’enfant moi-même d’une classe très moyenne j’ai souvent ressentis) les morceaux de bravoure sur la lutte des classes en littérature, à propos desquels Éric Reinhardt dit dans un entretien : « Comme…

autoportraits mentaux aléatoires

Comme l’écriture. Exactement comme l’écriture. Je me jette aveuglément dans la phrase, je m’y jette à corps perdu sans avoir peur, je lâche mes coups avec confiance (comme on le dit des tennismen), ma gestuelle mentale est profonde, généreuse, aboutie,…

faites un exercice

Le vocabulaire scientifique console et protège le médecin. Il lui permet de continuer à mener une vie normale après avoir annoncé aux autres que la leur ne le serait plus jamais. Mais le vocabulaire scientifique peut aussi, tel un boomerang,…

la face télégénique de la violence

Un paillasson. Et moi qui avais passé une partie de ma jeunesse au Café des Ormeaux à expliquer comment combattre le Capital par la pensée, moi qui m’étais toujours enorgueillie d’être un écrivain de la révolte, un écrivain qui violait…

dont nous avons oublié que nous sommes les auteurs

Que peut-on connaître du monde ? De notre naissance à notre mort, quelle quantité d’espace notre regard peut-il espérer balayer ? Combien de centimètres carrés de la planète Terre nos semelles auront-elles touché ? Parcourir le monde, le sillonner en tous sens, ce…

alternative nostalgique (et fausse)

Alternative nostalgique (et fausse) : Ou bien s’enraciner, retrouver, ou façonner ses racines, arracher à l’espace le lieu qui sera vôtre, bâtir, planter, s’approprier, millimètre par millimètre, son « chez-soi » : être tout entier dans son village, se savoir cévenol, se…

cette question de déménagement

XLI. Le port Un port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie. L’ampleur du ciel, l’architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, le scintillement des phares, sont un prisme merveilleusement propre…

le mont Fuji tout proche

La question revint, et se précisa, ce qu’il fichait là, dans la ville ? Si c’était d’un japon champêtre qu’il s’était amouraché, avec ses monts brumeux et ses sentiers déserts, ses bords de mer et ses pruniers, que ne battait-il la…

d’aise, il soupira

Ce n’était pas un stylite dans son désert, ni un ermite dans sa forêt, il était à Tôkyô par un bel après-midi de juin et, soit volonté soit caprice, il hurlait ces simples mots : Rien à foutre de la réalité….

tout à fait libérée

Je m’appelle Suzanne, j’ai cinquante-deux ans. Cela fait bien trente-cinq ans que je travaille. Douze ans dans ce bureau. Et voilà qu’on me voit assise sans bouger sur un banc à huit heures du soir. Et ça fait combien de…

même des contrées à venir

Écrire n’a rien à voir avec signifier, mais avec arpenter, cartographier, même des contrées à venir. Si la carte s’oppose au calque, c’est qu’elle est tout entière tournée vers une expérimentation en prise sur le réel. La carte ne reproduit…