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Quelques extraits :

1.8 Il est plus facile de ne pas penser que l'on ne pense pas que de penser que l'on ne pense pas.
1.9 Si je souhaite ne plus penser, il me faut arrêter la pensée de ne plus penser au moment où je dois commencer à ne plus penser.
1.10 Mais j'arrête là deux pensées : la pensée et la pensée de ne plus penser.
1.11 Et même trois pensées : la pensée, la pensée de ne plus penser et la pensée de penser à ne plus penser.
1.12 Et même quatre pensées : la pensée, la pensée de ne plus penser, la pensée de penser à ne plus penser et la pensée de penser à ne plus penser à la pensée de penser.
1.13 Mais ne plus penser doit se penser pour éviter à la pensée de revenir.
1.14 La pensée peut donc se concevoir comme un engin de résistance aux pensées. (...)

7.0 Je ne peux pas tout comprendre mais je peux tout penser. parce que ne pouvant penser à ce qui dépasse ma pensée, je ne peux donc penser que les choses que ma pensée a mises à sa portée (mais qu'est-ce qui lui a afit penser à mettre ces choses à sa portée?).
7.1 D'où il semble découler que la totalité du monde est la totalité de mes pensées.
7.2 Même s'il existe des choses qui ne sont pas à la portée de mes pensées, personne ne disposant du même stock de pensées, il se trouve des choses qui, n'existant pas pour moi, existent pour d'autres et inversement.
7.3 D'où il semble découler que la totalité du monde est la totalité des pensées formulées par tout le monde. (...)

12.8 Est-ce ma tête qui pense à faire bouger mes pieds ou l'envie de bouger mes pieds qui fait bouger la pensée de faire bouger mes pieds dans ma tête ?
12.9 Dans le second cas, si les pieds veulent bouger et font bouger la pensée « bouger-les-pieds » dans ma tête, qu'est-ce qui fait que mes pieds veulent bouger sans ma tête pour leur commander de vouloir bouger ?

Jean-Michel Espitallier, Tractatus logo mecanicus (pensum) (Al Dante, 2006, p. 10-11, p. 31-32 et p. 50)