lignes de fuite

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mercredi 8 juillet 2009

I can pick my own nose

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Andy Warhol, The Lord Gave Me My Face But I Can Pick My Own Nose
(Le Seigneur m'a refilé mon visage, mais je peux me gratter le nez tout seul, 1948, Pittsburgh, Collection Paul Warhola Family)

L'exposition Le Grand monde d’Andy Warhol (au Grand Palais) permet de réviser pas mal d'idées reçues, de faire de jolies découvertes (comme l'autoportrait ci-dessus) et de mettre en perspective les quelque 250 portraits présentés dans la grande histoire du portrait et de l'autoportrait, depuis les portraits du Fayoum.

::: Andy Warhol Museum
::: Andy Warhol Foundation
::: Andy Warhol City

mercredi 3 juin 2009

si le soleil et la lune avaient des doutes

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Celui qui met en doute ce qu'il voit,
Quoi que tu puisses faire, il ne croira jamais.
Si le soleil et la lune avaient des doutes,
Aussitôt leur lumière s'éteindrait.

Hécate ou La Nuit de la Joie d'Enitharmon (Tate Gallery, vers 1795), et ces quelques vers extraits des Chants d'Innocence (1789) ... pour vous inviter à ne pas rater l'exposition « William Blake, le génie visionnaire du romantisme anglais », que le Petit Palais consacre jusqu'au 28 juin à l'œuvre graphique (dessins, aquarelles, gravures…) du poète.

::: lisez des billets moins paresseux que le mien, par exemple Elizabeth Legros, « Les soleils noirs de William Blake », Leaule ou Pierre Deschodt, « Doux malaise »

::: et, sur William Blake, explorez sans modération le Blake Digital Text Project et les Archives William Blake.

jeudi 28 mai 2009

la totalité des propositions vraies (avant)

Avec la « géologie blanche » de Philippe Rahm pour écrin et les magnifiques coupoles vertes comme ciel, la Force de l’Art 2, présentée au Grand Palais jusqu’au 1er juin, mérite une déambulation.

En commençant par les dames (pour faire plaisir à Martine Sonnet qui souligne à juste titre qu'elles ne représentent que 10% des artistes résidents, étiage malheureusement classique) j’ai aimé tout particulièrement :

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::: les splendides poubelles fondues rouge sang d’Anita Molinero

::: « Il y a 140 millions d’années, un animal glisse sur une pente fangeuse du Massif Central » de Virginie Yassef : la drôle et fascinante empreinte d’un ptérodactyle imaginaire

::: la « Matrice » proustienne de Véronique Aubouy

::: le troublant cerveau – container de Fabien Verschaere

::: la maison tronçonnée saupoudrée de sirop de glucose de Grout/Mazéas

::: l’étrange tourniquet monumental et miroitant de Gilles Barbier

::: bien sûr les ubuesques « Agitateurs » de Philippe Mayaux

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::: et surtout « La totalité des propositions vraies (avant) » de Julien Prévieux : le futur non advenu des livres obsolètes sauvés temporairement du pilon pour être présentés dans un manège circulaire, et aux murs, sur de grands tableaux noirs, des oracles étranges de diagrammes inspirés par le data mining.

Pour découvrir les autres œuvres, explorez sans modération le site, très complet, ou suivez un bon guide, par exemple :
::: lunettes rouges
::: ou espace-holbein : billets 1, 2, 3, 4 et 5.

lundi 25 mai 2009

les yeux peints des peintres

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De Giorgio De Chirico, je connaissais surtout, comme tout le monde, la première période métaphysique, exaltée par les surréalistes, et dont j'aime assez les « dépaysages » (Cocteau) et les perspectives chaotiques aux ombres déportées et aux points de fuite multiples ; beaucoup moins les périodes suivantes, les très ... mystérieux « Bains mystérieux », les copies de maîtres anciens et les « replay » dignes des meilleurs faussaires.

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Mais ce sont, comme souvent, surtout les autoportraits qui m'ont arrêtée (les yeux peints des peintres m'attirent toujours) : dans certains, Giorgio De Chirico se peint à la manière de peintres anciens (un peu comme aujourd'hui Cindy Sherman se photographie) ; dans l'autoportrait de 1924 ci-dessus, on croit même reconnaître un « pastiche par anticipation » d'Enki Bilal ; très émouvants aussi le retrait derrière l'image maternelle, ou les nus acceptant de vieillir.

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à lire en ligne, les billets de :
::: Catherine Pomparat (remue.net)
::: Lunettes rouges
::: Elizabeth Legros (Sédiments)
::: Dominique Hasselmann

dimanche 24 mai 2009

l’ombre d’un rêve fuyant

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La vie ne serait-elle qu’un immense mensonge ? Ne serait-elle que l’ombre d’un rêve fuyant ? Ne serait-elle que l’écho des coups mystérieux frappés là-bas contre les rochers de la montagne dont personne paraît-il n’a vu le versant opposé.

Sur la terre, il y a bien plus d’énigmes dans l’ombre d’un homme qui marche au soleil que dans toutes les religions passées, présentes et futures.

Giorgio de Chirico, Manuscrits (Archives de la Fondation Giorgio et Isa de Chirico, Rome)

« La fabrique des rêves », exposition rétrospective consacrée par le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris à Giorgio de Chirico (1888–1978) se termine ce soir.

lundi 27 avril 2009

regarder dans les hublots

Vous avez jusqu’au 3 mai seulement pour aller regarder dans les hublots, au 104, la réplique grandeur nature de la Villa Arpel, le décor de Mon oncle (1958) de Jacques Tati.

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::: un entretien avec Macha Makeïeff, et un deuxième
::: un photo reportage d’Anne Savelli, qui est en résidence au 104
::: et quelques extraits de Mon oncle , ici, et encore là : personnellement, je ne m’en lasse pas ... et j'ai l'impression que je ne suis pas la seule, car aussi bien au 104 qu'à l'exposition « Jacques Tati. Deux temps, trois mouvements » de la Cinémathèque (avec pipe ! ... mais que je retournerai visiter quand il y aura un peu moins de monde) tous les badauds sont scotchés, fascinés, devant les écrans où passent en boucle des extraits.

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Au 104 également, une belle libraire, annexe du Merle Moqueur, est ouverte depuis le 21 avril dernier ; Anne Savelli l'a aussi photographiée.

post-scriptum : à lire en écho, le billet de Wictoria sur Mon oncle.

post-scriptum 2 : l'exposition est prolongée jusqu'au 31 mai (en raison sans doute de l'explosion des visites générée par mon billet) : profitez-en !

::: site Jacques Tati

samedi 13 décembre 2008

les trois lapins du pénultième billet

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::: à la demande générale de cairo, voici le tableau d'Andrea Mantegna, La Prière au jardin des oliviers (v1453-1454), d'où sont extraits les trois lapins (il y en a même d'autres à gauche) du pénultième billet : quelqu'un saurait-il pourquoi tous ces lapins dans les tableaux de Mantegna ?

jeudi 27 novembre 2008

un autre sous-marin rose

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... avec de charmants marins : ah ! Cary Grant ! ah ! Tony Curtis !

jeudi 14 août 2008

comme un ballon bizarre

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Odilon Redon, « L’œil, comme un ballon bizarre, se dirige vers l’infini » (1878)

Ne ratez pas non plus les rencontres avec Marcel Gauchet et René Girard, ni celles de la série « Littérature contemporaine et sacré », avec :

- Bernard Sichère
- Catherine Millot
- Julia Kristeva
- Sylvie Germain
- Frédéric Boyer
- Marie Darrieussecq
- Yannick Haenel
- Valère Novarina
- et Florence Delay

mercredi 13 août 2008

la place du doute

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Parler de sainteté (et que d’aucuns proposent impudemment de me canoniser !) me fait me souvenir que je souhaitais parler de ma visite de l’exposition Traces du sacré au Centre Georges Pompidou.

La profusion (350 œuvres tout de même), la confusion et le manque de cohérence que j'ai vues reprochées ici et là à cette exposition m’ont au contraire plutôt séduite : le chaos est assez bien venu concernant le sujet du sacré, surtout si l’on considère comme Allen Ginsberg que « tout est sacré » et qu’il faut laisser toute sa place au doute.

L’exposition est malheureusement terminée depuis hier (admirez ma réactivité !) mais se prolonge par un site extrêmement riche montrant des œuvres rares sur internet, par exemple « l’ascension des objets » dans le magnifique « 1rst light » de Paul Chan, ou « Eins, Un, One », réponse originale de Robert Filliou au coup de dé mallarméen, par un champ circulaire de quelques milliers de dés donnant tous le même résultat, puisqu’ils n’ont que des faces « un »

Le site propose aussi de nombreuses vidéos exposant le projet des commissaires, Jean de Loisy et Angela Lampe et surtout donnant la parole à des artistes, par exemple Jean-Jacques Lebel, qui montre la télépathie à l'œuvre dans « Radio Momo (hommage à Antonin Artaud) », Marc Couturier qui évoque « les poils du cerveau » à propos de son « Numen », fresque à la pointe d'argent sur poudre de marbre réalisée en un seul mouvement, Gérard Garouste qui décrypte « Passage (autoportrait) », ou Huang Yong Ping qui expose un moulin à prières tibétain de 13 mètres de haut en perpétuelle rotation.

vendredi 1 août 2008

images dérisoires

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Hokusai est également à l'origine du terme « manga », pour désigner ses carnets de croquis sur le vif.

« La Mangwa, cette profusion d’images, cette avalanche de dessins, cette débauche de crayonnages, ces quinze cahiers où les croquis se pressent sur les feuillets, comme les œufs de la ponte des vers à soie sur une feuille de papier, une œuvre qui n’a pas de pareille chez aucun peintre de l’Occident ! La Mangwa, ces milliers de reproductions fiévreuses de ce qui est sur la terre, dans le ciel, sous l’eau, ces magiques instantanés de l’action, du mouvement, de la vie remuante de l’humanité et de l’animalité, enfin, cette espèce de délire sur le papier du grand fou de dessin de là-bas ! » écrit à leur sujet Edmond de Goncourt, dans Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle (Flammarion, Paris, 1896, p. 96)

on peut voir en ligne de nombreuses « images dérisoires » des recueils de dessins d’Hokusai :
- une collection très complète (mais des légendes en japonais)
- Manga 1
- Manga 10

jeudi 31 juillet 2008

image fantôme

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Katsushika Hokusai, « Le fantôme d'Oiwa »

mercredi 30 juillet 2008

soit un point, soit une ligne

Depuis l’âge de six ans, j’avais la manie de dessiner les formes des objets. Vers l’âge de cinquante, j’ai publié une infinité de dessins ; mais je suis mécontent de tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans. C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai compris à peu près la forme et la nature vraie des oiseaux, des poissons, des plantes, etc. Par conséquent, à l’âge de quatre-vingts ans, j’aurai fait beaucoup de progrès, j’arriverai au fond des choses ; à cent, je serai décidément parvenu à un état supérieur, indéfinissable, et à l’âge de cent dix, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant. Je demande à ceux qui vivront autant que moi de voir si je tiens parole. Écrit, à l’âge de soixante-quinze ans, par moi, autrefois Hokusai, aujourd’hui Gakyo Rojin, le vieillard fou de dessin.

Katsushika Hokusai, Postface aux Cent vues du mont Fuji (1834)

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Plus que quelques jours pour aller visiter l'exposition Hokusai au Musée Guimet et s'apercevoir que le « vieux fou de dessin » a également inspiré Plantu, ce qu'on ne dit pas assez : dans l'une des estampes de sa série érotique, « Modèles d'étreintes », on découvre avec ravissement, dans un coin en bas à droite, deux souris en train de forniquer avec malice.

mercredi 25 juin 2008

rencontre de vacances

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Très exceptionnellement et pour faire mentir ceux qui affirment que je « ne raconte presque rien de ce qu(e je) fai(s) pour de vrai », cette rencontre de vacances très post-exotique :

dans le petit musée poussiéreux de la Castre, j’ai rencontré cet émouvant et effrayant Rambaramp venu de Malekula, une île de l'archipel des Vanuatu : il s’agit d’une effigie funéraire grandeur nature réalisée par agencement de matières minérales végétales et animales diverses (dents de cochon, plumes, terre, coquilles, toile d'araignée...) autour du crâne surmodelé d’un chef défunt. Il faut qu’un de ces jours je rende visite à ses semblables du Quai Branly.

mercredi 11 juin 2008

interpréter

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l’installation

J'ai reçu un mail de rupture. Je n'ai pas su répondre.
C'était comme s'il ne m'était pas destiné.
Il se terminait par les mots : Prenez soin de vous.
J'ai pris cette recommandation au pied de la lettre.
J'ai demandé à cent sept femmes - dont une à plumes et deux en bois - , choisies pour leur métier, leur talent, d'interpréter la lettre sous un angle professionnel.
L'analyser, la commenter, la jouer, la danser, la chanter.
La disséquer. L'épuiser. Comprendre pour moi.
Parler à ma place.
Une façon de prendre le temps de rompre. À mon rythme.
Prendre soin de moi.
Sophie Calle

la lettre

Sophie,
Cela fait un moment que je veux vous écrire et répondre à votre dernier mail. En même temps, il me semblait préférable de vous parler et de dire ce que j'ai à vous dire de vive voix. Mais du moins cela sera-t-il écrit. Comme vous l'avez vu. j'allais mal tous ces dernier, temps. Comme si je ne me retrouvais plus dans ma propre existence. Une sorte d'angoisse terrible, contre laquelle je ne peux pas grand-chose, sinon aller de l'avant pour tenter de la prendre de vitesse. comme j'ai toujours fait. Lorsque nous nous sommes rencontrés, vous aviez posé une condition : ne pas devenir la « quatrième ». J'ai tenu cet engagement : cela fait des mois que j'ai cessé de voir les « autres ». ne trouvant évidemment aucun moyen de les voir sans faire de vous l'une d'elles. Je croyais que cela suffirait, je croyais que vous aimer et que votre amour suffiraient pour que l'angoisse qui me pousse toujours à aller voir ailleurs et m'empêche à jamais d'être tranquille et sans doute simplement heureux et « généreux » se calmerait à votre contact et dans la certitude que l'amour que vous me portez était le plus bénéfique pour moi, le plus bénéfique que j'ai jamais connu, vous le savez. J'ai cru que l'écriture serait un remède, mon « intranquillité » s'y dissolvant pour vous retrouver. Mais non. C'est même devenu encore pire, je ne peux même pas vous dire dans quel état je me sens en moi-même. Alors. cette semaine, j'ai commencé à rappeler les "autres", et je sais ce que cela veut dire pour moi et dans quel cycle cela va m'entraîner. Je ne vous ai jamais menti et ce n’est pas aujourd'hui que je vais commencer.
Il y avait une autre règle que vous aviez posée au début de notre histoire : le jour où nous cesserions d'être amants, me voir ne serait plus envisageable pour vous. Vous savez comme cette contrainte ne peut que me paraître désastreuse, injuste (alors que vous voyez toujours B., R.,…) et compréhensible (évidemment...) ; ainsi je ne pourrais jamais devenir votre ami. Mais aujourd'hui. vous pouvez mesurer l'importance de ma décision au fait que je sois prêt à me plier à votre volonté. alors que ne plus vous voir ni vous parler ni saisir votre regard sur les choses et les êtres et votre douceur sur moi me manqueront infiniment. Quoi qu'il arrive. sachez que je ne cesserai de vous aimer de cette manière qui fut la mienne dès que je vous ai connue et qui se prolongera en moi et, je le sais, ne mourra pas.
Mais aujourd'hui, ce serait la pire des mascarades que de maintenir une situation que vous savez aussi bien que moi devenue irrémédiable au regard même de cet amour que je vous porte et de celui que vous me portez et qui m'oblige encore à cette franchise envers vous, comme dernier gagé de ce qui fut entre nous et restera unique.
J'aurais aimé que les choses tournent autrement.
Prenez soin de vous.
X

émotions multiples

1. se divertir de la grande diversité des points de vue et admirer les lignes de fuite dessinées par toutes ces interprétations (dans tous les sens de ce terme) d'un même texte : en russe ou en sms, comme une actrice ou une commissaire de police, une cantatrice ou une psychanalyste, une médiatrice familiale ou une prof de lettres, une poupée de bunraku ou une officier de la dgse, etc. etc.

2. compatir, écouter le murmure de toutes ces voix qui se mêlent dans la salle Labrouste désertée de ses livres, se rejouir de l’ironie mordante de Jeanne Moreau ou Ariane Ascaride, partager la rage de Brenda le perroquet ou de Christine Angot (« cette éloquence je supporte pas ! ») et applaudir la concision du sms de l’ado (« il s’l’a pète ! »)

3. se dire que cette mise en scène très intelligente a aussi des airs de mise à mort symbolique avec ses panneaux dressés comme des stèles : Christine Angot, décidément très inspirée, écrit à Sophie Calle : « Le chœur que tu as formé autour de cette lettre c’est le chœur de la mort » ; et finir par être un peu rétive à « faire partie » de cette assemblée très majoritairement féminine qui, penchée en petit groupes serrés autour des multiples écrans pour pouvoir entendre, échange des rires, sourires, soupirs de connivence.

4. se souvenir que X s’appelle Grégoire Bouillier, et qu’il est écrivain, et que j’ai lu ses petits livres chez Allia ; se dire qu’il a une façon singulièrement archaïque et entortillée d’écrire dans la vraie vie ; souhaiter, car ce pourrait être amusant, qu’il rebondisse sur cette mise en scène dans un autre livre, puisqu’il affirme vouloir faire fiction de sa vie.

Cette installation de Sophie Calle quittera bientôt la Bnf pour Montréal.
Elle a été présentée l’an dernier au Pavillon français de la Biennale de Venise.

voir aussi :
- le livre (multimedia) publié par Actes sud
- une présentation vidéo par Sophie Calle (avec des extraits)
- des photos de l’installation à la Galerie Perrotin
- le dossier de l’exposition « M’as-tu vue » (Beaubourg, 2003-2004)
- l’exposition vue par lunettes rouges, espace-holbein et Valclair
- et aussi (post-scriptum) martine et caroline.

lundi 2 juin 2008

(entre parenthèses)

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Mai - Je sais avec certitude que je vais mourir.
Juin - Je sais avec certitude (alors que je suis né il y a déjà quarante ans) que je vais mourir.
Juillet - Je sais avec certitude (alors que je suis né il y a déjà quarante ans (d'un père orphelin et d'une mère immigrée)) que je vais mourir.
Août - Je sais avec certitude (alors que je suis né il y a déjà quarante ans (d'un père orphelin et d'une mère immigrée) dans une banlieue sans nom) que je vais mourir.
Septembre - Je sais, oui je sais avec certitude (alors que je suis né il y a déjà quarante ans (d'un père orphelin et d'une mère immigrée) dans une banlieue identique à toutes les banlieues sans nom, moi-même avec un nom sans importance) que je vais mourir. (…)

Philippe Boisnard, « espace / temps », (entre parenthèses). Action restreinte, 9, premier semestre 2008, p. 46-47

Dans le précédent numéro de la revue Action restreinte, consacrée aux parenthèses (ponctuation que j’affectionne tout particulièrement) on trouvait un magnifique autoportrait en expansion (par ajouts successifs de parenthèses (sur 20 mois (il faut lire la suite!) ) ), de Philippe Boisnard.

::: voir également ses deux sites : x-tr-m-art et libr-critique

mardi 27 mai 2008

l’art de la chute

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« Au départ, mon travail c’est la peur de la chute. Par la suite c’est devenu l’art de la chute. Comment tomber sans se faire mal. »

Louise Bourgeois, née à Paris en 1911, est une très vieille dame jeune et facétieuse, d’une intense fragilité et d’une force immense, animée par une angoisse insurmontable et un humour dévastateur : ses créations, hybrides et diverses, témoignent de ces tensions entre des pôles opposés.

« Dans mon art, je suis l'assassin. Je ressens le supplice de l'assassin, celui qui doit vivre avec sa conscience. Comme artiste, je suis un être puissant. Au quotidien, je suis comme une souris derrière le calorifère. »

Comme je ne suis décidément pas une blogueuse sérieuse ni organisée, je visite les expositions à la dernière minute quand tout le monde les a déjà vues et commentées ! Je vous invite donc à lire les billets très complets de Lunettes rouges, Valclair, Fuligineuse, etc. Si vous êtes encore plus lent que moi, il vous reste tout de même encore une semaine (jusqu’au 2 juin) pour voir la très belle exposition Louise Bourgeois à Beaubourg.

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Inévitable, la photo avec « Fillette » de Robert Mapplethorpe (1982)

À voir aussi en ligne la bande-annonce de l'expo, les vidéos du dossier Arte et un article de Catherine-Alice Palagret sur « Maman ».

jeudi 15 mai 2008

monogram

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Robert Rauschenberg, un immense artiste que Claude Simon aimait tout particulièrement, est mort lundi dernier, le 12 mai.

Souvenir d’enfance mais aussi explosion splendide de formes et de références picturales, comme le démontrent les 11 épisodes de « L’angora de Bob », la chèvre angora de son « Monogram » (1955-1959), qui a fait beaucoup parler et écrire, est orpheline.

vendredi 25 janvier 2008

toute la salle sent l’embrun

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Courbet, La Mer orageuse, dit aussi La Vague (1869)

Les grandes Vagues, celle de Berlin, prodigieuse, une des trouvailles du siècle, bien plus palpitante, plus gonflée, d’un vert plus baveux, d’un orange plus sale, que celle d’ici avec son enchevêtrement écumeux, sa marée qui vient du fond des âges, tout son ciel loqueteux et son âpreté livide. On la reçoit en pleine poitrine. On recule. Toute la salle sent l’embrun.

Paul Cézanne (propos rapportés par Joaquim Gasquet, Conversations avec Cézanne, Macula, 1986)

en ligne :
« la vague »
« photographier la mer »

jeudi 24 janvier 2008

celui-là n'a jamais appartenu

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Quand je serai mort, il faudra qu'on dise de moi : celui-là n'a jamais appartenu à aucune école, à aucune église, à aucune institution, à aucune académie, surtout à aucun régime si ce n'est le régime de la liberté.

« Lettre ouverte de Gustave Courbet refusant la Légion d'honneur » (Le Siècle, 1870)

Courbet au Grand Palais
Musée Gustave Courbet

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L’homme est travailleur, c’est à dire créateur et poète.

Pierre-Joseph Proudhon, Système des contradictions économiques ou Philosophie de la misère (1846)

Textes de Proudhon

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