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Pour ne pas être prise de pleurs ou d'un découragement paralysant (Tiens voilà, je m'écroule ici au milieu de cette place, je ne suis plus qu'un tas d'étoffes, je disparais même de ce tas d'étoffes, dans quelques heures quand ils le soulèveront au moment du nettoyage de la place, ils ne découvriront rien d'autre, je me serai volatilisée), Vera Candida lissa l'intérieur de son crâne, elle en fit une coquille vide et parfaite, à la surface aussi polie et douce que la nacre d'un coquillage. Ce fut la condition pour ne pas retourner sur ses pas et pour se remettre en marche, la mémoire neuve et le crâne dépeuplé. Elle voulait traverser ce bout d'océan, trouver la cousine à l'auberge espagnole et se débarrasser du bébé qui grandissait dans ses entrailles. Elle ne pourrait rien faire de tout cela si elle était emplie de remords. (p. 88)

Vera Candida resta interdite dans le couloir et se souvint de ce que disait sa grand-mère Rose Bustamente, Dans la vraie vie, on ne comprend pas toujours tout, il n'y a pas de notice, il faut que tu te débrouilles pour faire le tri. (p. 150)

Les vies se transforment en trajectoires. Les oscillations, les hésitations, les choix contrariés, les déterminations familiales, le libre arbitre réduit comme peau de chagrin, les deux pas en avant trois pas en arrière sont tous gommés finalement pour ne laisser apparaître que le tracé d'une comète. C'est ainsi qu'Itxaga devint peu à peu ce qu'il est encore et que, de loin, on ne pouvait lui imaginer une autre vie que la sienne. (p. 227)

Véronique Ovaldé, Ce que je sais de Vera Candida (L’Olivier, 2009)

L’histoire, dans une l'île imaginaire de Vatapuna, d’une lignée de quatre femmes qui se battent contre la fatalité, dans une écriture très singulière, mélange, acidulé et empoisonné, de burlesque et de violence.

Véronique Ovaldé est née en 1972.
Elle travaille dans l'édition et a publié auparavant :
- Le Sommeil des poissons (Seuil, 2000)
- Toutes choses scintillant (L'Ampoule, 2002)
- Les hommes en général me plaisent beaucoup (Actes Sud, 2003)
- Déloger l'animal (Actes Sud, 2005)
- Et mon cœur transparent (L’Olivier, 2007) Prix du livre France Culture – Télérama.
- Ce que je sais de Véra Candida (L’Olivier, 2009) a obtenu le Renaudot des lycéens et le Prix du Roman France Télévisions

::: Hubert Artus (Rue89, 22 août 2009)
::: Cuneipage, 22 août 2009
::: un article de Philippe Lançon et un entretien (Libération, 25 août 2009).