Depuis la galaxie, zoom avant sur Saint-Germain-des-prés :

Sous le titre « Folklore » l'édito du dernier Livres Hebdo (664, 3 novembre 2006) commente avec humour et justesse les anathèmes, fâcheries, rumeurs et magouilles qui accompagnent les prix littéraires de la rentrée :

« ces nouvelles péripéties sont plutôt de nature à alimenter le folklore ... et la médiatisation. (...) Et l'on applaudit dans le même mouvement le talent de l'éditeur et celui de l'auteur. (...) Mais peut-être a-t-on tort de s'amuser, l'habitude aidant, là où on devrait (cette année encore) s'indigner ? »

Rien de très nouveau sous le soleil : on pense inévitablement au passage très connu (mais tellement juste) de La Littérature à l'estomac de Julien Gracq :

le Français, lui, se classe au contraire par la manière qu’il a de parler littérature, et c’est un sujet sur lequel il ne supporte pas d’être pris de court : certains noms jetés dans la conversation sont censés appeler automatiquement une réaction de sa part, comme si on l’entreprenait sur sa santé ou ses affaires personnelles – il le sent vivement – ils sont de ces sujets sur lesquels il ne peut se faire qu’il n’ait pas son mot à dire. Ainsi se trouve-t-il que la littérature en France s’écrit et se critique sur un fond sonore qui n’est qu’à elle, et qui n’en est sans doute pas entièrement séparable : une rumeur de foule survoltée et instable, et quelque chose comme le murmure enfiévré d’une perpétuelle Bourse aux valeurs.

Entre l'amusement et l'indignation, une solution consiste à établir une bourse aux valeurs alternative qui a le mérite de déplacer le curseur mais n'évite pas l'écueil de la promotion.