lost in translation
Par cgat le vendredi 20 avril 2007, 00:43 - citations - Lien permanent
Le paradoxe spatio-temporel selon Calvino : au-delà d'une certaine
distance, il n'y a plus de temps de réponse possible, surtout quand les corps
célestes s'éloignent les uns des autres à la vitesse de la lumière. Dès lors,
le message devient absolu, définitif - il devient une vérité, irrémédiable,
perdue dans l'infini, hors d'atteinte.
Ce serait une autre version du fatal : chaque acte est irréversible, sans
appel, ne pouvant être corrigé et s'éloignant de nous lumineusement dans le
vide. Lost in translation.
Le problème est le même à l'échelle terrestre. Dans un univers où les individus
s'éloignent irrésistiblement les uns des autres et où les choses dépassent en
quelque sorte leur vitesse de libération, les messages ont de moins en moins le
temps de faire retour. Ou bien nous sommes broyés comme des atomes dans un
mouvement de contraction irrésistible, et dans ce cas, c'est l'hyperdensité qui
fait qu'il n'y a plus de sens ni de message - ils ne peuvent plus s'échapper.
Peut-être les deux mouvements, gravitationnel et antigravitationnel, se
font-ils en même temps, et nous sommes à la fois de plus en plus loin les uns
des autres, dispersés, désintégrés, et de plus en plus compactés, confondus,
intégrés de force.
Jean Baudrillard, Cool mémories V : 2000-2004 (Galilée, 2005, p 137)
Commentaires
La science est une merveilleuse source de métaphores disais-tu? Et monsieur Baudrillard ne se prive pas d'y puisser. Je trouve même que là il franchit les limites de la métaphore et il est même pas loin du mur du çon.