se répandre sur la toile
Par cgat le lundi 27 août 2007, 01:40 - blogs et internet - Lien permanent
Ce n'est pas la première fois que je me dis que Les Inrocks (dont je partage par ailleurs souvent les goûts en matière de littérature) sont singulièrement frileux (voir leur site !) et d'une totale mauvaise foi concernant internet ; cet article caricatural intitulé « Pourquoi tu blogues ? » le démontre une fois encore :
C’est fou comme, depuis peu, éditeurs ou critiques sont pris du besoin irrépressible de se répandre sur la toile. Alors qu'ils ont souvent pignon sur rue, voire sur page. Alors pourquoi ? Option n°1 : la promotion. De soi, par exemple. Critique ou éditeur, c'est trop dur comme métier. Votre tête, votre petite vie, tout le monde s'en fout. Le blog répare cette injustice : vous avez votre page à vous, vos écrits ne sont pas parasités par ceux de vos manants de collègues - pour les critiques - ou d'écrivains - pour les éditeurs. Vous disposez enfin de toute la place que vous méritez pour vous exprimer vraiment. Des exemples : Christian Sauvage, qui raconte des anecdotes palpitantes. Ou Pierre Assouline, qui doit trouver qu'il manque de tribune depuis qu'il n'est plus à Lire pour partager toutes les pensées qui l'agitent, et chronique jour après jour ses lectures, ou ressasse ses obsessions, comme récemment ses attaques réacs contre le Festival d'Avignon. Dans cette catégorie des blogs promotionnels, on trouve aussi ceux d'écrivains et d'éditeurs qui voient leur petite page perso comme un outil de communication. Un marketeux a dû leur expliquer que le blog, c'était l'avenir, le meilleur moyen de faire exploser les ventes. Alors ils s'astreignent à alimenter péniblement leur site - récits de salon, critiques des autres éditeurs, recension des retombées presse... - et c'est ennuyeux à mourir (voir le blog des éditions Héloïse d'Ormesson). Option n°2 : la révolte. Ce sont les sites de ceux qui, sous prétexte qu'ils changent de support, se prennent d'un seul coup pour des rebelles. Dans ce domaine, la blague du moment (jeresisteatout.overblog.fr) est animée par trois personnes qui se disent à « des positions « clés » dans le petit milieu parisien de l'édition ». Cachées derrière des pseudos, elles prétendent révéler enfin « la vérité » sur le dit milieu. Ça donne, en gros, du persiflage sur les attachées de presse et des critiques méchantes sur Gonzague Saint-Bris. Atterrant et fascinant de couardise. Dans la même veine, on trouve le blog littéraire sans doute le plus connu, celui de Didier Jacob. Le critique du Nouvel Obs y dézingue à tout va, tape sur les confrères (lnrocks compris) avec une violence inouïe, et pourfend leur médiocrité. Saine ambition. Mais on ne comprend pas très bien pourquoi il choisit le web pour assassiner le dernier Beigbeder après s'être montré poliment circonspect dans les pages de son journal. À croire que le courage serait soluble dans le papier. Ce que les blogs permettent, c'est de se planquer sur la toile ou derrière des pseudos pour dire ce qu'on pense « vraiment ». Pas joli, joli… mais c'est peut-être cette lâcheté qui dit, au final, la vérité sur un certain nombre d'individus de ce petit milieu.
Raphaëlle Leyris (Les Inrockuptibles, 608, 24 juillet 2007)
Pour être plus positive, je conseillerai un nouveau blog d’éditeur, assez réussi, celui des éditions Léo Scheer, et d'autres plus anciens : les bloc-notes de Lekti-écriture.
Commentaires
Dans ce numéro, une interview de Riss qui m'a fait tordre de rire. Je n'approuve pas toujours les choix de ce magazine que ce soit en cinéma ou littérature, mais au moins, ils ne font pas dans le politiquement correct comme Télérama.
tout à fait Caroline, mais, justement, leur aveuglement concernant internet m'étonne : Télérama, puisque vous en parlez, propose en ligne des contenus beaucoup plus nombreux et souvent intéressants
C'est effectivement assez surprenant de... je ne sais pas comment dire... de généralisation à outrance, peut-être ?
Je veux dire, c'est un peu simple, déjà, de considérer les blogs exclusivement comme des journaux intimes sans intérêt pour le reste-du-monde (TM) (je veux dire, les choses évoluent quand même, même à ce niveau là).
Ensuite, bon, la dimension analytique du truc tient quand même sur un timbre poste.
C'est bien simple, on dirait le billet hargneux d'un bloggeur qui se sent un peu "autorisé".
Ca fait sourire, ça n'est pas très grave, cela dit. Je veux dire, ça n'est pas assez solide pour constituer une critique vraiment intéressante et, du même coup, éventuellement, dangereuse pour certains.
en effet, une "généralisation à outrance" sans aucune "dimension analytique", c'est ce qui m'a frappée : juste une caricature très "politiquement correct", pour reprendre les termes de Caroline, puisqu'elle transcrit l'opinion toute faite de ceux qui ne connaissent rien à internet
Sidérant, et c'est Pierre Assouline qui passe pour "réac" !
Pourtant, dans le numéro de la semaine dernière (n°612), un bel article sur les blogs culinaires (p.24) intitulé : "Les blogs au secours de la gastronomie"; ça dépend sûrement du ou de la journaliste.
(Autre hypothèse : les Inrocks n'officiant pas encore comme prescripteurs en culture culinaire, ils ne se sentent pas en compétition avec les blogs gastronomiques et les laissent ainsi tranquilles ? Comment ça mauvaise langue ?)
c'est peut-être l'explication, en effet !