saison mentale
Par cgat le mercredi 26 septembre 2007, 02:02 - citations - Lien permanent
Cet automne-ci
pourquoi donc dois-je vieillir ?
oiseau dans les nuages.kono aki wa
nande toshiyoru
kumo ni tori
Bashô Matsuo (1644–1694)
Cent onze haïku de Bashô (Verdier, 2002, Traduction de Joan Titus-Carmel)
de Bashô, j'aime aussi beaucoup celui-ci :
(mais je ne parviens pas à décider quelle traduction je préfère -- c'est le
problème avec la poésie étrangère !)
Parfois des nuages
Viennent reposer ceux qui
Contemplent la lune
(dans la même édition)
Aux admirateurs de lune
Les nuages parfois
Offrent une pause
(Anthologie du poème court japonais, Poésie Gallimard, 2002, traduction Corinne Atlan et Zéno Bianu)
et encore :
De temps en temps les nuages
Nous reposent
De tant regarder la lune
ou même :
Parfois les nuages
reposent les gens
d'admirer la luneLes nuages
donnent un répit
Aux contemplateurs de lune
Commentaires
En effet c'est un problème. Ainsi du fameux dernier haïku de Bashô : faut-il préférer, entre autres versions : "Tombé malade en voyage/en rêve je parcours/la lande morte" ou "Malade en voyage/mes rêves parcourent seuls/les champs désolés" ? J'aime mieux le premier je crois, plus simplement "désolé"...
(sinon, pour répondre à votre question : google, par un détour narcissique, mais depuis je vous fréquente avec plaisir (merci, d'ailleurs, de m'avoir révélé "l'autofictif" (quelle joie, n'est-ce pas, d'avoir ainsi régulièrement des nouvelles d'un de nos plus estimables écrivains ?))
merci à vous, que le Japon ramène ... souvent en effet la simplicité l'emporte : on ne peut s'empêcher de penser au "marquise vos beaux yeux me font mourir d'amour" de ce cher Molière
quant à Chevillard, je ne résiste pas à la tentation de citer la suite de ses aventures goncouresques :
"Ça m’embête bien, cette histoire de Goncourt. J’appelle un à un les membres du jury pour les dissuader de m’attribuer leur prix. A chaque fois, le ton monte. Vous l’aurez ! Puis on me raccroche au nez. Françoise Chandernagor notamment sera difficile à décourager qui, me dit-on, s’affiche partout sans orang-outan."
http://l-autofictif.over-blog.com/
je crois que je préférerais "malade en voyage/en rêve je parcours/ les champs désolés." et quelle belle nuque pour amener Bashô
ahurissement que Chevillard raconte ça et comme ça.
A propos de Bashô toujours, connaissez-vous "Le Chemin étroit vers les contrées du Nord" ? Nicolas Bouvier en a fait une traduction admirable, rééditée l'année dernière par les Editions Héros-Limite. C'est le récit, dans une prose limpide et émue parsemée d'haiku (tenez, celui-ci, par exemple : "Silence caniculaire/le cri de la cigale/pénètre même le roc"), du dernier voyage que le poète ait fait, en 1689. En matière de simplicité, c'est une leçon...
non, je ne connaissais pas, mais vous me donnez très envie d'y aller voir
ahurissement comment, brigetoun ? positif ou négatif ?
en fait je ne sais pas qui est l'auteur de cette nuque : si quelqu'un qui le sait passe par ici ...
La main. De la femme... ou de son reflet ?
Bon je me suis fait voler un post ce matin mais je suis serein, car je n'essaie pas, moi, d'ecrire des romans sur la maladie d'O , elle même atteinte de la maladie d'ecrire des romans. Il faudrait tout reprendre à zéro.
Merci pour l'image CGAT, je te soupçonne de l'avoir produite toi même comme cette fameuse citation de l'Ecclesiaste, donc je ne chercherai qu'à mes moments perdus
Je voulais vous parler d'un haiku atypique que je médite depuis 1977, commenté en fac lors d'un cours sur la glose- un ami de trente ans en quelque sorte. Presque pas un haiku, et pourtant il est de maître Bashô (au fait dit-on Bashô ou Bâsho?)
Comme il est admirable
Celui qui ne pense pas: «La Vie est éphémère»
En voyant un éclair!
Bashô encourerait-il dans ce cas vos foudres de façon posthume, Berlol. C'est sérieux j'aimerai votre avisé commentaire. Peut être en avez-vous une autre leçon ou traduction ?
Il me semble en tous cas que la distance philosophique qu'il cherche est comme une mise en abyme, comme celle provoquée par l'estampe de CGAT...Ce qui à mon avis n'est jamais le propos d'aucun autre haiku de ma connaissance.
ahurissement négatif, mais pas totalement. Vieux réflexe : je suis toujours étonnée quand quelqu'un rapporte, sauf dans le feu d'une controverse, un éloge le concernant
Si je comprends ce que vous écrivez Bridgetoun, vous pensez que Bashô s'autofictionne (oh pardon ce n'est pas politiquement correct sur ces lignes)ou plutôt s'auto-éloge. Depuis trente ans je n'ai jamais pris ce haiku dans ce sens, c'est une interprétation qui pourtant saute aux yeux. Je plaiderais plutôt pour quelque chose comme la définition malicieuse et retorse de ce que n'est pas un haiku . Les japonais ont l'air sérieux , de nombreux exemples cependant me font penser que ce n'est pas aussi simple. Je m'en remets à nos spécialistes cependant
Ainsi :"
On connaît le bruit que font deux mains qui applaudissent, mais a-t-on jamais entendu le bruit d'une seule main qui applaudit ?" Et au fait j'ai trouvé la dame au miroir
http://www.rmn.fr/fr/03expo/01calen...
, est ce qu'on gagne quelque chose ?
merci beaucoup cairo ! mais on ne gagne rien (sinon mon admiration et ma reconnaissance) car ce blog ce refuse à encourager le « travailler plus pour gagner plus » ..!
… la dame est donc la « Femme se poudrant le cou » de Kitagawa Utamaro (1795-1796) et elle est au musée Guimet !
je note dans mes tablettes : lui rendre une petite visite un de ces jours (sa main, PhA, est en effet remarquable, et son reflet non moins étrange)
quant au haïku que tu cites, cairo, je laisse berlol répondre à tes questions (il doit dormir à l’heure qu’il est : il se lève en général quand je commence à envisager de me coucher), mais, sans vouloir faire ma pédante, il me semble que ce cher Roland Barthes le commente dans "L’Empire des signes", non ?
la réponse de brigetoun ne concernant pas Bashô mais Chevillard, si je ne me trompe (?), et je m’aperçois que ma citation d’icelui porte à confusion : son livre n’est absolument pas sur la liste du Goncourt, ni sur celle d’aucun autre prix me semble-t-il, et il fait juste comme si, ce qui est tout de même plus sympathique
j'oubliais, dans les "Cent onze haïku de Bashô" cités dans mon billet, il y a celui-ci :
devant un éclair
l’homme qui ne comprend pas
est bien admirable !
est-ce que c'est le même à ton avis ? dans ce cas ce serait encore un exemple de transformation complète par la traduction
Éclair !
C'est tellement court,
tu comprends ?
(auras-tu eu le temps de comprendre ?)
Le problème des traductions, je m'amuse, est qu'aucune n'est bonne. I would prefer not to devrait être la règle — mais qui nous obligerait à apprendre les langues, la japonaise en particulier.
Votre proposition est intéressante, cher Cairo mais mon avis importe peu et il est peu expert. Pour ce que je sais — et ressens — le haïku lui-même ne pense pas, ne propose ni morale ni réflexion.
Les pierres du jardin zen n'ont pas de sens, elles ne sont pas sculptées. Trouvées et posées. Chacun en fait ce qu'il peut. Sans aide. On apporte du sens pour se satisfaire (rassurer) mais les pierres n'en ont pas (besoin).
Roland Barthes aussi ... tout pareil
(j'ai bien aimé ce qu'écrivait il y a peu Philippe De Jonkheere chez toi sur le "moi aussi tout pareil" comme essence du commentaire de blog)
Merci Berlol pour la traduction, nous sommes tout à fait d'accord sur le haiku , bien que je ne demanderai ni moratoire ni arrêt mais généralisation du bilingue (pour le japonais cela ne m'apporterait rien par exemple mais)merci CGAT pour la référence je me doutais bien que mon commentaire lui devait quelque chose via mon prof de l'époque au moins. Ce haiku est peu traduit.Pour l'estampe je suis déçu, l'Alamblog donne plus, je vais réfléchir sur mes lectures...
Qui se soucie de regarder
La fleur de la carotte sauvage
Au temps des cerisiers?
Sodo
En creusant le web, j'ai retrouvé un filon de haïkus :
http://web.archive.org/web/19981202...
merci pour ce lien, berlol : il y a pas mal de haïku(s) en ligne, mais souvent sans trop de références ; moi j'aime bien aussi ce site là (qui cite ses sources)
http://nekojita.free.fr/NIHON/BASHO...
cairo, je précise que je ne traite personne de carotte sauvage : je protestais juste contre cette irruption de la mise en concurrence libérale sauvage (pléonasme) dans la blogospère littéraire : en incurable occidentale, j'aime assez importer dans les haïkus le(s) sens qui m'arrangent ou me parlent ou me consolent !
J'adore la fleur de carotte sauvage qu'il ne faut pas associer obligatoirement avec la carotte sauvage, et toutes les ombellifères, et je ne vois en quoi elle aurait à rougir au temps des cerises Voilà bien les gens de la ville.
http://plants.usda.gov/java/profile...
une très jolie ombellifère, en effet, je ne la connaissais pas : merci de me la présenter : le haïku d'ailleurs ne dit pas qu'elle ait à rougir
J'adore ces textes qui sont discret comme le ruisseau, merci du partage !
je suis peut-être un peu jeune pour ce genre de chose (15 ans) mais pour le haïku de Bâsho j'ai trouvé encore une autre interprétation que j'aime beaucoup :
de temps à autres,
les nuages accorde une pause,
à ceux qui contemple la lune.
merci pour les liens. Je traverse une période dificiles et les haïku m'aident beaucoup car je suis un peu trop mature pour mon âge et j'évite de le montrer directement à mes amies. Encore merci.