Un journal intime gai est inimaginable. Quand l'homme se penche sur lui-même, sur son passé immédiat, il n'attrape que des poissons de désastres. (p. 88)

Tous les jours je me dis que ça va changer. Et tous les jours je me demande pourquoi ça changerait. Matins difficiles. Soirs possibles. (p. 28)

On n'écrit toujours qu'à deux doigts de se taire. (p. 28)

(...) Bref écrire est chose grave. Pathétique. Et du même coup, lire. Écrire, c'est enregistrer les signaux d'un morse qui paraît nous concerner, mais dont le principe nous échappe. Aller parler de communication après cela, c'est entrer dans une région de nostalgie inhabitable. C'est parce que l'homme n'est pas fait pour écrire que la littérature est passionnante. (p. 84)

Georges Perros (Papiers collés, II, Gallimard, L'Imaginaire, 1973)