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Or voici que quelqu’un (que je n’identifie pas dans le rêve, mais à qui je me sens très redevable dans la réalité) me prend à l’écart pour me dire : « C’est pourtant bien simple. Il suffit de montrer que le désir est quelque chose de très compliqué, ou plutôt de très complexe. On ne désire jamais quelque chose, mais une pluralité de choses. Évoquez en passant Deleuze et concluez avec Balzac. Le début ? Eh bien, il n’y a qu’à parler du Combray de Proust, de la petite madeleine ». Le curieux est que tout cela était assez précis et aisément déchiffrable, contrairement à ce qui se passe ordinairement dans les rêves. C’est pourquoi, sitôt réveillé, je me précipite à ma table et retranscris le plan de mon ami inconnu.

Clément Rosset, La Nuit de mai (Minuit, « Paradoxe », 2008, p. 8)

Écho de la « Nuit » pascalienne (qui n'était pas de mai mais de novembre, si je me souviens bien) ? ou antidote à sa très sombre Route de nuit (Gallimard, 1999) ? Ce très court livre de Clément Rosset est étrange et quelque peu énigmatique, à l'image de son bel Avant-propos en forme de récit de rêve.